"La grande maison" de Nicole Krauss * * * *
Comme le très imposant bureau dont il est question ici, le livre est constitué de plusieurs grands tiroirs : il y a l'histoire de Nadia, qui raconte à un juge ("votre honneur") sa vie pendant les trente dernières années, son métier d'écrivain, elle a travaillé sur ce bureau prêté par un ami chilien, et ses difficultés à vivre avec les autres ; de très belles pages sur les exigences de l'écriture.
Il y a le père de Dov qui voit revenir son fils chez lui à l'occasion de l'enterrement de leur épouse et mère à Jérusalem ; le père parle ou écrit plus exactement à son fils, revenant sur leur passé difficile ; très belles paroles révélant l'incompréhension mutuelle depuis le début mais aussi l'amour qui existe entre eux.
Troisième partie : on retrouve le bureau chez Lotte, écrivaine anglaise d'origine allemande ; c'est son mari qui raconte cette femme restée très mystérieuse malgré des décennies de vie commune ; en fuyant l'Allemagne nazie elle a laissé ses vieux parents ; plus tard, elle ne pourra pas élever son enfant. Et enfin, l'histoire racontée par Isabel (Izzy), son amour pour Yoav (et sa soeur Leah), leur maison de Belsize Park ( la grande maison ?) et leur père antiquaire, toujours à la recherche de meubles pour ses clients, meubles perdus par des juifs ou dispersés... dont ce grand bureau.
Des vies racontées avec détails et profondeur, et qui se trouvent avoir des liens entre elles ; beaucoup de notions importantes sont abordées ici : filiation, jalousie, couple, guerre... avec l'omniprésence de la judéité (la grande maison : les juifs en exil). Connaît-on jamais l'autre, fut-il son conjoint ou son enfant ?
Très beau et très étonnant livre de l'auteure de "L'Histoire de l'amour".