"Les amandes amères" de Laurence Cossé * * *
Une belle histoire, humaine, émouvante, que celle de Fadila ; femme de ménage d'origine marocaine, vivant dans une chambre minuscule à Paris, elle est engagée par Edith, traductrice, pour faire le repassage. Edith s'aperçoit vite que Fadila est totalement illettrée : elle n'est quasiment pas allée à l'école, a été mariée à quatorze ans et a eu une vie difficile ; elle a tenté une fois de suivre des cours d'alphabétisation, car ne savoir ni lire ni écrire est une terrible honte et un grand handicap ; mais elle avait vite laissé tomber. Edith, pleine de bonne volonté va essayer de lui apprendre ; le livre relate ce très difficile apprentissage d'une personne âgée, l'amitié qui va lier les deux femmes, le découragement, les progrès ; Fadila se livre jour après jour et tout doucement, entre les cours, c'est toute la vie de cette femme et mère marocaine qui est révélée. Un livre qui finit mal mais qu'on referme en souriant car Fadila et Edith se sont rencontrées, appréciées et aidées. Et il y a la façon de parler de Fadila ! Elle parle "oralement", le français à la marocaine ; savoureux.
Premières phrases : "On sonne à la porte. Edith travaillait, sur la table de la salle à manger. Je ne bouge pas, se dit-elle, la barbe. Qui ça peut-il bien être ? Il fait presque nuit. Mais elle s'est levée, elle va ouvrir. C'est Aïcha, tout sourire, la gardienne du 31, accompagnée d'une femme plus agée."