"Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?" de Jeanette Winterson * * * *
Ce n'est pas un roman, ni vraiment un essai ; c'est ce que J. Winterson avait envie d'écrire, tout simplement, de son histoire, de ses réflexions et pensées, et c'est très réussi ! Cette femme a eu une enfance déplorable à Manchester, dans le nord de l'Angleterre : abandonnée à six semaines, elle est adoptée par un couple complètement hors norme ; le père ne dit jamais rien et la mère, que sa fille appelle "madame Winterson", est très très névrosée ; elle a beaucoup de problèmes cette dame, avec les autres, la religion, son mari, la vie en général et surtout sa fille. Celle-ci finira par s'enfuir à seize ans et se battra pour être acceptée comme étudiante à Oxford, devenir une femme écrivain, lutter contre la dépression et la folie, réussir sa vie ; et aimer, s'aimer elle-même et donc arriver à aimer les autres. Il y a de très beaux passages sur l'amour, la liberté, la volonté de s'en sortir... Ce sont les livres qui l'aideront le plus : ceux qu'elle lit, dès son plus jeune âge, en cachette, puis à la bibliothèque avec une telle soif qu'elle les prend tous de A à Z ; et plus tard, ceux qu'elle écrit.
Premières phrases : "Quand ma mère se fâchait contre moi, ce qui lui arrivait souvent, elle disait : "Le diable nous a dirigés vers le mauvais berceau." L'image de Satan prenant congé de la guerre froide et du maccarthysme le temps de faire un crochet par Manchester en 1960 - but de la visite : duper Mrs Winterson - est théâtralement truculente."