"Le jeu des ombres" de Louise Erdrich * * * *

Avec en toile de fond leur origine amérindienne, L. Erdrich trace le portrait d'un couple, d'une famille où le quotidien est devenu difficile. Gil est un peintre reconnu, et Irène, sa femme, son modèle et sa muse ; chacun possède et exprime une certaine violence et... beaucoup d'amour ; si Gil tient à sa famille, à la garder unie et essaye de s'améliorer, il semble qu'Irène ne l'aime plus et qu'elle souhaite qu'ils se séparent. Elle va chercher à le manipuler par l'intermédiaire d'un carnet de pensées intimes, dont elle sait qu'il le lit ; un jeu dangereux... Le livre alterne des récits de l'histoire de la famille dont on connaîtra l'auteur à la fin, des parties du carnet rouge écrit par Irène pour que Gil le lise et un carnet bleu secret enfermé dans une banque. Le récit suit un rythme implaccable, allant crescendo jusqu'à la fin, stupéfiante. Un très beau roman, superbement écrit, dont les thèmes sont riches et variés mais sans dispersion : le peintre et la peinture bien sûr, la famille, le couple et la place des enfants, l'immensité de l'amour maternel et pourtant la priorité faite à l'homme qui a été aimé au moment final.

Premières phrases : "Maintenant, j'ai deux agendas. Le numéro un, c'est le Mémento Journalier à couverture rouge et cartonnée, semblable à ceux dans lesquels j'écris depuis 1994, quand nous avons eu Florian. Tu m'as offert le premier pour que j'y consigne ma première année dans mon rôle de mère. C'était vraiment adorable de ta part."