"Le jeu de l'ange" de Carlos Ruiz Zafon * * * *
Toujours romanesque en diable, ce Zafon ; "le jeu de l'ange" est du genre qu'on ne lâche pas avant la dernière ligne, tant l'histoire est prenante. Ce deuxième tome du "Cimetière des livres oubliés" commence en 1917 et met en scène le jeune David Martin dans la Barcelone du début du XXème siècle, au moment de l'exposition internationnale. Dans une atmosphère très spéciale assez caractéristique de l'auteur, brume, crépuscule, orages violents et autres demeures sombres et suintantes, D. Martin ne vit que pour écrire ; après avoir été grouillot dans un petit journal puis la proie d'éditeurs malhonnêtes, il est contacté par un homme inquiétant, un certain Corelli qui le paie - très cher - pour fabriquer le livre d'une nouvelle religion ; le jeune écrivain habite alors une maison grandiose et délabrée qui a abrité un avocat mort dans des conditions suspectes. Tout en rencontrant régulièrement son patron, d'où des discussions intéressantes - et glaçantes - sur les religions, D. Martin se lance dans une enquête dangereuse... Les "aventures" du jeune homme sont terribles, mais il y a souvent de l'humour, en particulier dans les dialogues, les protagonistes faisant souvent preuve de beaucoup d'esprit. C. R. Zafon est un très bon conteur, et ce conte fantastique nous entraîne loin et nous imprègne longtemps.
Premières phrases : "Un écrivain n'oublie jamais le moment où, pour la première fois, il a accepté un peu d'argent ou quelques éloges en échange d'une histoire. Il n'oublie jamais la première fois où il a senti dans ses veines le doux poison de la vanité et cru que si personne ne découvrait son absence de talent, son rêve de littérature pourrait lui procurer un toit sur la tête, un vrai repas chaque soir et ce qu'il désirait le plus au monde : son nom imprimé sur un misérable bout de papier qui, il en est sûr, vivra plus longtemps que lui."