"La danseuse de Mao" de Qiu Xiaolong * * *
Un bon policier chinois, qui voit enquêter l'inspecteur principal mais aussi poète, Chen Cao, sur une période de la vie de Mao ; cette "affaire Mao" qui lui est confiée par le ministre de la Sécurité publique de Pékin, concerne un "objet" que Mao aurait donné à l'actrice Shang Yunguan devenue sa "petite concubine". Il faut à tout prix protéger la vie privée du Grand Timonier, après que deux livres, soi-disant bourrés d'inventions sur ses quatre femmes et autres innombrables liaisons, se soient bien vendus dans le monde entier ; impossible de laisser discréditer le fondateur du Parti communiste chinois... C'est l'occasion pour l'auteur de situer la société chinoise aujourd'hui envahie par le "matérialisme", de donner le "ton" actuel. Le livre s'ouvre sur une réunion à laquelle participe Chen, sur l'urgence de "bâtir la civilisation spirituelle en Chine" ; et malgré la remise en cause de la Révolution Culturelle, l'envie des jeunes de tourner la page, l'auteur tient à revenir sur cette période qui, si elle a favorisé certains, a entraîné les terribles conséquences que l'on sait. Beaucoup de poèmes (certains de Mao lui-même) jalonnent le texte ainsi que des proverbes et l'évocation des classiques, ce qui permet une certaine découverte de la culture chinoise. L'ensemble est très instructif, agréable à lire, avec un bon suspense.
Premières phrases : "L'inspecteur Chen Cao ne se sentait pas d'humeur à prendre la parole à la réunion d'études politiques du comité du Parti. L'ordre du jour, l'urgence de bâtir la civilisation spirituelle en Chine, le laissait perplexe. La presse du Parti insistait beaucoup sur ce nouveau slogan depuis le milieu des années quatre-vingt-dix."