"Un oiseau blanc dans le blizzard" de Laura Kasischke * * * *

C'est la fille de la maison, Kat, qui parle : sa mère, Eve, a disparu. Il semble qu'elle soit partie, tant elle s'ennuyait dans sa banlieue - Garden Heights, Ohio - et haïssait son mari ; le lendemain, elle téléphone chez elle pour dire qu'elle ne reviendra jamais. Kat raconte son père, un assez bel homme, plutôt terne de caractère ; son petit ami Phil, un grand blond pas très malin. A l'instigation de Phil, elle va voir une psy et on découvre petit à petit à quel point Eve était méchante et même cruelle avec sa fille qu'elle trouvait trop grosse avec des cheveux trop raides, mais aussi avec son mari, qu'elle trouvait inintéressant et lâche. Découpé en 4 parties se situant chaque mois de janvier de 1986 à 1989, ce livre est à la fois une enquête sur la disparition de cette femme, une critique de la vie de province américaine, un récit sur l'absence et l'histoire de l'évolution d'une jeune fille ; Kat va à la fac, a des ami(e)s et des amants mais vit avec le fantôme de sa mère. Ce qui est étonnant et remarquable chez cette auteure c'est l'écriture originale et souvent très poétique,  ses comparaisons toujours un peu décalées et vaguement inquiétantes : " Leur mariage - je le savais maintenant, même si je l'avais sûrement toujours su -, leur mariage était comme un grand verre d'eau, si glacée qu'elle transforme vos dents en diamants dans votre bouche. Un verre d'eau venant d'une fontaine glacée, que l'on boit pendant vingt ans ". Et comme toujours avec L. Kasischke, les toutes dernières pages sont sublimes et renversantes !

Premières phrases : "J'ai seize ans lorsque ma mère se glisse hors de sa peau par un après-midi glacé de janvier - elle devient un être pur et désincarné, entouré d'atomes brillants comme de microscopiques éclats de diamant, accompagné, peut-être, par le tintement d'une cloche, ou par quelques notes claires de flûte dans le lointain - et disparaît."