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Les 2 bouquineuses ont aimé
14 août 2014

"Cantique des plaines" de Nancy Huston * * * * (Ed. Babel, 1995)

cantique

Paula raconte Paddon, son grand-père ; le nom de la famille est “Sterling”, ce sont des immigrés d’origine anglaise, de ceux qui se sont installés dans l’ouest du Canada, en terre indienne, à la fin du XIX ème siècle. Paula s’adresse à son grand-père qui vient de mourir  et qui lui a laissé un manuscrit ; et c’est ainsi qu’elle nous raconte sa vie ; l’écriture est superbe, la construction du récit originale : “ … Ce que je vois ensuite vient de plusieurs années plus tard, de l’époque où tu étais déjà prof de lycée à Calgary, l’ordre dans lequel m’arrive ta vie est tout sauf chronologique, oui c’est par fulgurances que je te retrouve, te reconstruis, et ce que je comprends maintenant c’est que tu as dû te sentir aussi coincé entre les pupitres de ta salle de classe qu’entre les bancs de l’église méthodiste de ton enfance.” Paddon qui était très intelligent, et instruit : études de Philosophie et d’Histoire, Paddon qui avait souffert mais aussi hérité de la violence de son père, Paddon qui eut longtemps une maîtresse indienne Miranda, Paddon enfin qui aurait tant voulu écrire un livre, apporter sa contribution en étudiant “l’Histoire  du Temps" ; ce sont des parties de ce livre que Paula a en sa possession, souvent illisibles ou incompréhensibles mais qui l'aident à réinventer la vie de son grand-père chéri. Grâce à Miranda, peintre, Paddon découvre "l'envers du décor", la réalité de l'Histoire pour les indiens blackfeet, chassés de leurs terres, mis dans des réserves, dominés par les hommes blancs ; il y a des pages magnifiques et très émouvantes sur ce sujet et sur la notion de temps. D'autres thèmes sont abordés : Dieu et la religion, le devoir, la famille et les problèmes d'alcoolisme...  "Cantique des plaines" est un livre superbe, à (re)découvrir absolument !

Premières phrases : "Et voici comment je m'imagine ton agonie : le monde se met à tomber lentement à s'écouler à s'éloigner à s'alléger à fondre et à couler, comme lorsque la neige s'en va tout doucement de la forêt, ou comme une peinture dont les formes glisseraient peu à peu hors du cadre pour ne rien laisser sur la toile, et pendant ce temps tes membres s'alourdissent et s'engourdissent jusqu'à ne plus faire qu'un avec le matelas, avec la terre, jusqu'à ce que ta rage elle-même devienne de l'écume dont les millions de bulles éclatent à mesure que tu t'enfonces dans la matière..."

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