"Joseph" de Marie-Hélène Lafon * * * * (Ed. Buchet - Chastel, 2014)
D'une écriture soignée, très "visuelle", bien adaptée à son sujet, Marie-Hélène Lafon nous raconte l'histoire de Joseph. Ouvrier agricole, Joseph aime les bêtes, les chiens et les vaches surtout ; certaines n'aiment que lui, n'obéissent qu'à lui. II habite chez "les patrons" et participe à la bonne tenue de la ferme. C'est un observateur plutôt taiseux, à qui rien n'échappe ; il a pour certaines choses une prodigieuse mémoire.
Un peu différent des autres, il a eu du mal à l'école ; pas en calcul mental pour lequel il était exceptionnellement doué, mais pour tout ce qui concernait l'écrit : "ce qui était écrit ne lui restait pas". Les autres se sont moqués de lui, même son frère jumeau, Michel, dont le père disait qu'il avait tout pris.
Et il y a eu une période difficile, à l'âge adulte, quand Sylvie, sa compagne, l'a quitté ; une période pendant laquelle il se détruisait au vin rouge. Autrement, Joseph est un homme simple, qui pense beaucoup, rumine parfois et aime faire des listes dans sa tête ; ce qu'il aime, le travail bien fait, être propre, tenir les choses en ordre.
Premières phrases : "Les mains de Joseph sont posées à plat sur ses cuisses. Elles ont l'air d'avoir une vie propre et sont parcourues de menus tressaillements. Elles sont rondes et courtes, des mains presque jeunes comme d'enfance et cependant sans âge. Les ongles carrés sont coupés au ras de la chair, on voit leur épaisseur, on voit que c'est net, Joseph entretient ses mains, elles lui servent pour son travail, il fait le nécessaire. Les poignets sont solides, larges, on devine leur envers très blanc, charnu, onctueux et légèrement bombé."