"Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" de Patrick Modiano * * * (Ed. Gallimard, 2014)
Eh bien, ma foi, une histoire plutôt prenante dont on a envie de savoir la suite et la fin ; ce qui est étonnant ici c'est que l'auteur n'a visiblement pas le souci de résoudre une énigme de façon cohérente. Il avance dans son histoire en lâchant certains de ses personnages en route ; mais est-ce vraiment gênant ? La fin du livre, si elle surprend un peu car elle est assez abrupte, est logique et donne l'impression que le narrateur est bien arrivé là où il le souhaitait.
"Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" c'est ce qu'une femme, Annie Astrand, a écrit sur une feuille de papier pliée en quatre avec leur adresse, et donné au petit garçon qu'elle garde et qui vit avec elle.
Cet enfant, Jean Daragane, a grandi depuis cette époque et presque tout oublié ; en tout cas il ne pense plus à cette période de son enfance, quand sa mère, une actrice l'avait confié à Annie. Au début du livre, il est un vieil écrivain et vit en solitaire ; il a perdu son carnet d'adresses, un homme l'a trouvé et veut le lui rapporter. J. Dargane se méfie, surtout quand cet homme pose des questions précises sur l'un des noms du carnet ; mais c'est ce qui va réveiller sa mémoire...
Etrange, un peu inquiétant par moment, un roman en grande partie sur le souvenir et les impressions d'enfance, plutôt réussi.
Premières phrases : "Presque rien. Comme une piqûre d'insecte qui vous semble d'abord très légère. Du moins c'est ce que vous vous dites à voix basse pour vous rassurer. Le téléphone avait sonné vers quatre heures de l'après-midi chez Jean Daragane, dans la chambre qu'il appelait le "bureau". Il s'était assoupi sur le canapé du fond, à l'abri du soleil. Et ces sonneries qu'il n'avait plus l'habitude d'entendre depuis longtemps ne s'interrompaient pas. Pourquoi cet insistance ?"