"L'île des chasseurs d'oiseaux" de Peter May * * * * (Ed. Babel noir, 2011)
Un bon roman policier, "mais pas que"... Le personnage principal, l'inspecteur Fin Macleod revient sur l'île où il a grandi, l'île de Lewis au nord de l'Ecosse, car un meurtre y a été commis ; bien sûr, de nombreux souvenirs vont alors affleurer, surtout quand il va revoir son ancien amour de jeunesse, son ancien meilleur ami, ses camarades de classe qui ont vieilli, les lieux où il a vécu ses dix-huit premières années.
L'île des chasseurs d'oiseaux est un "gros caillou", l'An Sgeir, où viennent nicher par milliers des fous de Bassan et des fulmars ; les chasseurs d'oiseaux y vont, dans des conditions climatiques effrayantes pour attraper et tuer leurs gros poussins. C'est une activité traditionnelle de cette région - les "gugas" ont une chair excellente - qui permet aux garçons de devenir des hommes, un véritable rite initiatique.
C'est un homme de mauvaise réputation, que tous connaissaient, qui a été assassiné selon un rituel qui rappelle le crime sur lequel travaille Fin à Edimbourg ; mais alors, n'y-a-t'il qu'un assassin pour ces deux crimes ? Fin Macleod plutôt mal reçu par l'équipe en place va aller au fin fond des choses, parce que tous ces habitants, il les connaît bien...
En plus d'une enquête intéressante, Peter May nous parle d'une partie de l'Ecosse, magnifique mais tourmentée ; les hommes aussi, à l'image des éléments sont compliqués et sauvages. L'auteur, en revenant sur l'enfance du personnage principal nous montre que les adolescents peuvent faire des bêtises aux conséquences graves ; mais aussi qu'on peut "oublier" certains évènements, littéralement les retirer de sa vie parce qu'ils sont trop insupportables.
Un livre riche et passionnant, et chic alors ! c'est le premier d'une trilogie.
Premières phrases : "Ce sont des enfants. Seize ans. Echauffés par l'alcool et excités par l'approche du sabbat, ils s'enfoncent dans l'obscurité. Contrairement à d'habitude, la brise est légère et, pour une fois, tiède, comme un souffle sur la peau, doux et attirant. Dans le ciel d'août, une fine brume masque les étoiles mais la lune, aux trois quarts pleine, parvient tout de même à projeter sa lumière fantomatique sur le sable laissé humide par la marée descendante. Avec douceur, la mer va et vient sur la plage. L'écume phosphorescente libère des bulles argentées qui restent accrochées au sable doré. Ils dévalent la route qui descend du village. Le sang leur bat les tempes avec force, comme des vagues s'écrasant au pied d'une falaise."