"Anna Karénine" de Léon Tolstoï * * * * * (Ed. Folio classique, première parution 1877)
Le livre commence avec la présentation du prince Stépane Arcadiévitch Oblonski, qui est marié avec Dolly (Daria Alexandrovna), qui en a cinq enfants, mais qui la trompe ; c'est un trentenaire jovial, haut fonctionnaire qui travaille peu, toujours de bonne humeur, c'est l'un des personnages principaux du récit. Anna Karénine est sa soeur, et forme avec son mari, Alexis Alexandrovitch Karénine un couple très en vue ; mais elle rencontre le beau comte Vronski à un bal et ils tombent profondément amoureux.
Un autre couple, qui ne se constituera réellement que vers le milieu du récit, est celui de la jeune soeur de Dolly, Kitty qui se marie avec Constantin Dmitrievitch Lévine, un grand propriétaire terrien qui comme Tolstoï est torturé de questions existentielles.
Plusieurs couples donc, dans des tourments différents, le plus heureux étant sans doute celui formé par Kitty et Lévine à la campagne.
Difficultés de la vie à deux, mais aussi fin tragique d'un couple qui n'a pas respecté les conventions sociales...
On sent le regard critique de l'auteur sur cette société oisive, surtout occupée de bals, de chasses, de toilettes magnifiques, de courses de chevaux et de représentations à l'opéra, et sa préférence pour une vie saine, au grand air et pour le travail physique.
Mais Tolstoï introduit aussi dans le roman les idées qui lui tiennent à coeur en particulier l'instruction pour tous, donc pour les paysans, et la réforme de l'organisation du travail agricole.
Pourquoi lire ou relire "Anna Karénine" ?
D'abord parce que ce sont de magnifiques histoires d'amour même (surtout ?) si celle d'Anna se termine tragiquement ; ensuite parce qu'on y retrouve tout l'art de vivre de l'aristocratie russe de la deuxième moitié du XIXème siècle ; et enfin parce que Tolstoï a su parfaitement analyser et sonder les pensées et les coeurs de ses personnages et en a fait un chef d'oeuvre !
Premières phrases : " Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon. Tout était sens dessus dessous dans la maison Oblonski. Prévenue que son mari entretenait une liaison avec l'ancienne institutrice française de leurs enfants, la princesse s'était refusée net à vivre sous le même toit que lui. Le tragique de cette situation, qui se prolongeait depuis tantôt trois jours, apparaissait dans toute son horreur tant aux époux eux-mêmes qu'aux autres habitants du logis. Tous, depuis les membres de la famille jusqu'aux domestiques, comprenaient que leur vie en commun n'avait plus de raison d'être ; tous se sentaient dorénavant plus étrangers l'un à l'autre que les hôtes fortuits d'une auberge."
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