Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les 2 bouquineuses ont aimé
15 novembre 2015

"La vaine attente" de Nadeem Aslam * * * * (Ed. Seuil, 2009)

vaine_attenteIl était une fois, une maison avec des fresques aux murs recouvertes de boue et des livres cloués au plafond, une maison avec cinq pièces, une pour chacun des cinq sens ; nous sommes en Afghanistan, à Usha, située à une cinquantaine de kilomètres de Jalalabad, en 2005, chez un médecin d'origine anglaise, Marcus Caldwell. On sait dès le début qu'il a soixante-dix ans, que sa femme, Qatrina, une afghane pour laquelle il était devenu musulman et qui était médecin comme lui est morte, ainsi que sa fille Zameen. Mais qu'il a sans doute, quelque part, un petit-fils...
Quand le récit débute, Marcus a chez lui depuis quelques jours une femme, Lara, qu'il a reccueillie, épuisée ; elle vient de Russie, à la recherche de son frère qui n'est jamais revenu de la guerre et qui avait sans doute rencontré Zameen à l'époque. Un autre homme va venir les rejoindre, David, un américain négociant en pierres précieuses et ex-agent de la CIA, qui a été le compagnon de Zameen pendant quelques mois et s'est attaché à son père, qu'il revient voir régulièrement.
Et puis il y a Casa, cet orphelin qui n'a jamais été vraiment instruit ; il n'a fréquenté que des écoles religieuses souvent doublées de camps d'entraînement. A dix ans, il connaissait tout des armes et était prêt pour le djihad. Lui aussi va se retrouver chez Marcus, jeune terroriste taliban déboussolé. Des gens on ne peut plus différents rassemblés pour quelques jours dans la même maison.
Ces personnages évoluent dans une partie de l'Histoire afghane, intéressante mais complexe : l'armée soviétique est entrée en Afghanistan fin 79 et c'est de la ville frontière pakistanaise de Peshawar qu'est alors mené le djihad contre l'envahisseur russe. Et c'est une véritable guerre que se livrèrent alors Russes et Américains en Afghanistan, avec des conséquences graves et toujours d'actualité ; N. Aslam dit s'intéresser à "comment la politique empiète sur la vie de tous les jours et la bouleverse."

Des destins qui se croisent, une écriture poétique, des aller-retour entre présent et passé, un texte instructif et agréable à lire malgré les faits, brutaux (l'auteur parle de "patrimoine mondial de brutalité") ; une partie des racines du mal qui nous assaille aujourd'hui est expliqué ici.

Extrait p 87 : "Parfois s'impose le besoin de prendre plaisir, dans un livre qu'on aime, à sa seule intrigue, et le petit format facilite le processus parce que l'oeil parcourt rapidement la page aux caractères serrés. A d'autres moments, en revanche, on a envie de savourer la langue et le style - le rythme des phrases, la précision avec laquelle un mot donné a été inséré dans une expression -, un format plus grand vous aide alors à ralentir votre lecture, à vous arrêter à chaque virgule. A flaner dans le paysage."

p 217 : "Les Talibans sont arrivés à Usha... en 1996... Et ils s'étaient à peine emparés de la ville qu'ils commençaient à parcourir les rues pour fouetter les femmes qui n'étaient pas voilées. Puis ils interdirent la cigarette, la musique, la télévision, les cerfs-volants, le jeu des petits chevaux, les échecs, le football. Ils jettèrent au feu livres et cassettes audio et vidéo. Postés au bord des routes, ils arrêtaient les hommes qui ne portaient pas la barbe et les emprisonnaient jusqu'à ce que celle-ci ait poussé."

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Oui, on ne peut oublier ces livres cloués au plafond pour échapper aux Talibans...
Répondre
C
Merveilleux livre. A decouvrir et faire decouvrir
Répondre
Bienvenue sur notre blog !

Ici, pas de critiques négatives !
Vous ne trouverez que les livres que nous avons aimés :

beaucoup ***
passionnément ****
à la folie *****

N'hésitez pas à commenter !
Bonnes découvertes,
et surtout bonnes lectures !


Publicité
Archives
Publicité