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Les 2 bouquineuses ont aimé
5 septembre 2016

"Absolution" de Patrick Flanery * * * * * (Ed. J'ai lu ; 2015)

absEh bien, mais quel bouquin ! C'est quelque chose ! Voilà un livre très fort, qui marque.

Un jeune universitaire, Sam Leroux, qui vient de rentrer en Afrique du Sud après avoir fait ses études, s'être marié et avoir un peu travaillé aux USA, a obtenu la possibilité tout à fait exceptionnelle d'interviewer une auteure, sud-africaine également, Clare Wald, pour rédiger sa biographie. Il se souvient bien l'avoir déjà rencontrée à Amsterdam, elle, dit ne pas s'en souvenir. C'est une femme âgée qui n'a pas un caractère facile, elle est séparée de son mari, avocat et professeur de droit et a eu deux enfants : une fille qui s'est engagée dans la lutte armée anti apartheid en 1989 et qui a disparu ensuite, et un garçon Mark, avocat, qui semble avoir des rapports curieux avec sa mère.
Premier sujet abordé par Sam et Clare, la politique ; Clare dit être apolitique, plutôt libérale, et on apprend qu'elle avait une soeur aînée, Nora, qui a été assassinée en même temps que son mari, un boer, dirigeant du "National Party" (parti à l'origine de l'apartheid). Ce sujet de la soeur aînée haineuse et jalouse parcourt tout le livre, apportant des révélations successives plutôt étonnantes.
Dans le chapitre suivant, l'auteur raconte l'attaque de la maison de Clare ; c'est aussi l'un des sujets du livre, les graves problèmes de sécurité, dans la ville du Cap (et à Johannesbourg plus tard dans le récit) ; Clare et son assistante seront obligées de déménager dans une maison complètement blindée et surveillée.
Dans un certain nombre de chapitres Clare parle à Laura, sa fille disparue ; à partir de lettres que Laura lui avait adressées - bien que leurs rapports aient été très difficiles - des carnets qu'elle a laissés, d'articles de journaux et de son imagination, Clare pose de multiples questions et essaie de reconstituer ce qui a pu arriver à sa fille. Elle aurait été prise en stop par le conducteur d'un camion, Bernard, accompagné d'un enfant s'appelant Sam... Ce petit garçon, orphelin, dont on comprend que ses parents ont dû mourir en perpétrant un attentat, sera élevé ensuite par une tante ; ce qui est sûr, contrairement à ce que pense Clare, c'est que Sam connaissait déjà Laura, amie de ses parents, et que Bernard n'est pas mort accidentellement. Clare avoue à sa fille qu'elle a tout de suite reconnu Sam et qu'elle sait ce qui les lie.
Petit à petit, le récit progresse, les personnages s'étoffent, le lecteur est pris par l'histoire, passionnante, quasiment un thriller ; l'auteur distille ses révélations à son rythme, échafaudant les différents étages de ce qu'il veut construire.
Et puis il y a l'Histoire du pays, remarquablement racontée - en tout cas sur une assez longue période - à travers ce qui est arrivé à Clare, Sam et Laura.
Ce qui est le plus intéressant dans cette "plongée sud-africaine, c'est de se rendre compte que les choses sont tout de même un peu plus complexes qu'un "simple" problème blanc / noir ; les discussions de Clare et de son fils Mark en particulier sont passionnantes. Ici le problème est vu du côté blanc, les descendants des anglais et ceux des hollandais, les afrikaners, formant deux mondes assez différents.

 Un livre remarquable, profond, d'une grande richesse de thèmes et écrit par un auteur qui maîtrise parfaitement ses sujets. De la belle littérature !

Extrait (p 387) : La voie que tu as empruntée, ce travail que tu as pensé devoir accomplir, Laura, sont des choses que je comprends sans difficulté. c'est le travail en lui-même, si on peut parler de "travail" - l'espionnage, les attentats et le meurtre d'innocents, même si leur innocence était entachée par leur participation à l'architecture de l'apartheid, à ses institutions, à son appareil gouvernemental, à son économie d'oppression et à ses méthodes d'isolement -, que mon esprit est incapable de concilier avec des formes morales et éthiques de résistance... J'observe ce que notre pays démocratique est devenu, la manière dont la violence civique a été forgée comme une monnaie et un blason, et je me demande si la désobéissance civile non violente, malgré la lenteur de sa progression, n'aurait pas été une meilleure façon de remporter la victoire."

 

 

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Commentaires
C
Eh bien, il le faut ! Aucun risque d'être déçue !
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B
Je l'avais repéré à sa sortie, mais je ne me suis toujours pas risquée dans ce gros roman.
Répondre
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