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Les 2 bouquineuses ont aimé
12 novembre 2016

"Diderot Le génie débraillé" de Sophie Chauveau * * * * (Ed. folio ; 2011)

DgdQuand on a envie de (re)lire Diderot, de se (re)plonger dans les écrits du philosophe, de l'encyclopédiste du Siècle des Lumières (Diderot, 1713-1784), le livre de Sophie Chauveau est très intéressant :
Une première grande partie (1728-1749) nous raconte l'amoureux de la vie que fut Denis Diderot, son amour des femmes, sa soif peu commune de connaissances, ses études de théologie à La Sorbonne puis de droit, ainsi que son admiration pour Voltaire et pour Montesquieu. Intitulé "Les années bohème", ce premier tome suit le jeune homme de sa première fugue, il ne veut pas rester à Langres mais quitter un avenir tout tracé pour "réussir" à Paris, jusqu'à son emprisonnement à Vincennes.
Quand il veut quitter, en douce, la maison paternelle, il a à peine quinze ans ; son père, auquel il s'affrontera toute sa vie, essaie alors de le comprendre et le conduit lui-même au lycée Louis-le-Grand. S'ensuivent alors des années d'études, d'une certaine liberté et de pauvreté, d'opposition à son père : il ne veut pas devenir chanoine comme son oncle, il veut être libre, voir ses amis, profiter de Paris, aimer... Il rencontre J. J. Rousseau, c'est un "coup de foudre d'amitié" comme il en connaît un certain nombre mais cette amitié-là sera par la suite une grande déception.
Après avoir été écrivain public, il commence à rédiger des articles, à se faire un peu connaître ; et quand il est emprisonné, il met un certain temps à comprendre que c'est à cause de ses écrits sulfureux ; il a déjà commencé à réunir son équipe pour l'Encyclopédie, et a publié quelques textes, dont les "Pensées philosophiques" (1746) et "La lettre sur les aveugles" (1749) où se font sentir son irrespect pour les puissants, le roi (Louis XV) et l'Eglise.
Voltaire qui a le sens de la formule : " Quel barbare persécute le pauvre Diderot", "Je hais bien un pays où les cagots font coffrer un philosophe" et enfin "C'est Socrate qu'on martyrise".

Deuxième partie du livre de S. Chauveau : Les Encyclopédistes (1749-1784). L'Encyclopédie, cet extraordinaire projet titanesque auquel il oeuvre avec d'Alembert surtout, mais aussi des dizaines de collaborateurs, tout ceux qui pensent et qui savent faire la synthèse des connaissances - et des idées - de l'époque. C'est un travail énorme que cette Encyclopédie, la première en France dont le premier volume sort en 1751, le deuxième en 1752 ; la suite de la publication est interdite, elle le sera de nombreuses fois. Il faudra vingt ans de labeur acharné pour en venir à bout.
Diderot travaille à d'autres oeuvres : "La religieuse" qui lui permet de dénoncer l'enfermement arbitraire de jeunes filles dans les couvents, "Jacques le fataliste" où l'écrivain philosophe fait dialoguer Jacques, fataliste et philosophe, avec son maître, en profitant pour continuer sa critique sociale et afficher son anticléricalisme, et le "Neveu de Rameau" dialogue de Moi (le philosophe) avec Lui (le neveu du musicien Jean-Philippe Rameau), réponse aux antiphilosophes dont Diderot se venge.

Dans le livre de Sophie Chauveau, on le voit tour à tour, rencontrer Jacques, un soldat triste connu dans une diligence ("Jacques le fataliste") ; Sophie Volland, le plus grand amour de sa vie, son âme soeur "Lettres à Sophie Volland" ; F. M. Grimm dans la revue duquel (la Correspondance Littéraire) il publie nombre de ses oeuvres en feuilletons, Voltaire bien sûr et Catherine II de Russie qu'il ira visiter sur le tard en 1773.
Révolutionnaire avant l'heure puisqu'il meurt en 1784, haïssant le despotisme et l'hypocrisie religieuse, il a souvent écrit sous condition d'anonymat car il y avait sa fille, sa réputation, le risque de retourner en prison... Très marqué par la mort, ses soeurs d'abord, puis plusieurs de ses enfants, sa mère, son père, ses amis, et souvent déçu par l'amitié vers laquelle il est naturellement porté, il meurt au travail, s'occupant de son oeuvre posthume. Mais il n'occupe pas, pour l'auteure, la place primordiale qui devrait être la sienne dans le "Siècle des Lumières".

 

lettres

neveuPremières phrases du Neveu de Rameau : "Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid, c'est mon habitude d'aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de politique, d'amour, de goût ou de philosophie. J'abandonne mon esprit à tout son libertinage... Mes pensées, ce sont mes catins."

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