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Les 2 bouquineuses ont aimé
19 janvier 2017

"Fraternels" de Vincent Borel * * * (Ed. Sabine Wespieser ; 2016)

41HbjtY7NULVincent Borel a photographié le monde actuel puis choisi de zoomer sur un certain nombre de faits et de personnages qu'il trouve représentatifs pour raconter son histoire. Son propos nous place dans une dizaine ou une vingtaine d'années : comment les choses et les Hommes ont-ils évolué ? Avec un parti pris lucide mais plutôt optimiste, et pas mal d'humour, l'auteur nous a concocté une fable surréaliste, un roman d'anticipation en quelque sorte.

Le livre débute avec un certain François-Joseph de La Fistinière s'apprêtant à pisser sur la flamme de la Résistance du Mont Valérien à Suresnes (92) ; pas de quoi en faire toute une histoire - même si sa famille revendique nombre de militaires haut gradés - sauf que l'exploit du jeune homme va faire le tour du monde parce que filmé par son "ifon" 11, le souple, qu'il a "ventousé" sur la croix de Lorraine.
Au pérou, à Cuzco, on instaure un nouveau temps pour en finir avec l'impérialisme occidental (de l'hémisphère nord) ; les horloges dites du sud vont tourner en sens inverse. Dans les hauts plateaux andins voisins, les mines de lithium ont défiguré les paysages et rendu malades ou débiles les habitants, lithium qui permet à des millions de véhicules électriques de rouler et de smartphones de fonctionner.
A La Défense, la plus haute tour - hélicoïdale - abrite l'entreprise "Opié", numéro un européen de l'énergie et firme conceptrice de l'ifon ; Samia y est hôtesse d'accueil au rez-de-chaussée, Kevin technocadre au trente-sixième étage, et Alexis Dataz PDG de la firme a un appartement au cinquante-cinquième ; Alexis est le fils illégitime de Gontran de La Fistinière. Opié prépare en grand secret une nouvelle source d'énergie, un "tokamak", pour pallier aux problèmes mondiaux d'électrcité.
Le chemin de kevin croisera celui d'un certain Dragomir Kadyrov propriétaire de mines en Sibérie et d'une forteresse pleine de hackers située à Tchernobyl ; celui de Samia croisera Yaqut (né Colin Pacôme) avec lequel elle partagera les valeurs d'un Islam bon et tolérant, à l'opposé du Califat de l'obscurantisme.
En Lamalie (au nord de l'Oural) un peuple presque disparu, les Kètes, à peine cinq mille âmes, souffre du réchauffement climatique et subit un gigantesque glissement de terrain ; Tyapsa initiée par Uim-émè le chamane, sera la dernière Kète, une femme-magie aux dons exceptionnels. La température montant, le trafic maritime pourrait être permanent même au nord du cercle polaire et les terres rares : tantale, iridium et autres métaux aux propriétés exceptionnelles seront alors accessibles...
Du côté de Manosque, un groupe de villageois amoureux des livres a créé une association pour prendre soin du savoir qu'ils contiennent et résister à la dématerialisation.
On croise aussi dans ce gros bouquin (550 pages) le tsar Vladimir, une nanotode ( = "machin superintelligent"), un smartphone directement connecté aux neurones du cerveau, le Sultan des Ténèbres, quatre huskis bleus, etc.

Face à la civilisation de l'omniprésence des objets connectés et du pouvoir de quelques hommes cyniques, certains vont se dresser courageusement pour leur opposer une certaine humanité ; utopie romanesque d'après son auteur, qui dit s'être amusé de bien des travers de notre société, le livre se termine par une apocalypse que Vincent Borel a voulu joyeuse et pleine d'espoir.

Premières phrases : " En cette nuit du 18 juin embaumée de tilleuls, François-Joseph de La Fistinière s'apprête à pisser, d'un jet dru, sur la flamme éternelle de la Résistance. L'esplanade du mont Valérien, encore toute bruissante ce matin des solennités républicaines, est désormais vide. Seules quelques phalènes vrombissent autour des lampadaires. François-Joseph, prénommé de la sorte pour complaire à un oncle épris de la Première Guerre Mondiale - et surtout particulièrement fortuné - vise en titubant la flamme bleuâtre. Ce rebelle s'est toujours fait un point d'honneur d'atteindre le centre des gogues sans provoquer d'éclaboussures. Mais le gros joint de ganja qu'il a planté entre les lèvres rend ses gestes incertains."

 

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