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Les 2 bouquineuses ont aimé
21 février 2017

"L'homme qui mit fin à l'Histoire" de Ken Liu * * * * (Ed. Le Belial' ; 2016)

51_uskAomXLQue de question passionnantes soulevées par ce petit (103 pages) livre coup-de-poing ! Une fois embarqué, le lecteur va d'une traite jusqu'au bout... Intelligent, fascinant, original, on ne sait quel est le meilleur qualificatif ; mais aussi dérangeant et triste et atroce, et bien que ce roman ne se livre pas à une description exhaustive des horreurs commises, il y a quelques pages difficiles.

Ken Liu, écrivain américain d'origine chinoise, a voulu revenir sur une page d'Histoire terrible et honteuse pour le Japon qui semble-t-il ne s'en est jamais vraiment excusé.
Les soldats de l'armée japonaise impériale ont occupé une grande partie du territoire chinois du début des années 1930 (commencement de la deuxième guerre sino-japonaise) jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale ; en Mandchourie, dans le district de Pingfang,  a été créée une certaine "Unité 731" où ont été menées des expériences médicales atroces essentiellement sur des chinois.
"Les historiens estiment qu'entre deux et cinq cent mille Chinois, presque tous des civils, ont été tués par les armes bactériologiques et chimiques mises au point ici et dans les laboratoires annexes : anthrax, choléra, peste bubonique. A l'issue de la guerre, le général MacArthur, commandant en chef des forces Alliées, a préservé les membres de l'Unité 731 de toute poursuite judiciaire pour crimes de guerre afin de récupérer les résultats de leurs expériences et de soustraire lesdites données à l'Union Soviétique." (p 16)

Akemi Kirino, physicienne surdouée qui a découvert l'existence des particules de Bohm-Kirino, a créé avec son mari, Evan Wei, historien, une sorte de machine à remonter le temps ; le professeur Kirino est une américaine d'origine japonaise et le professeur Wei est un américain d'origine chinoise. Le procédé permet, selon eux, à une personne de voyager dans le passé et d'aller assister à un événement ; mais ce fait historique ne pourra plus être vu, donc visiter le passé le détruit, et n'apporte qu'une preuve invérifiable.
Avant que les membres des familles des victimes n'aient complètement disparus, Evan Wei souhaite leur offrir la possibilité d'aller voir par eux-mêmes ce qui est arrivé à leur proche.

Se posent alors des questions majeures : qui contrôle le passé ? ; qui en est responsable ? ; peut-on détruire un moment historique au profit d'un seul témoin ? ; si on peut revisiter le passé, doit-on envoyer des proches de victimes ou des historiens ou des journalistes ? Peut-il y avoir réconciliation sans mémoire ?,  etc.

Présenté comme un documentaire, avec plusieurs voix qui se font entendre et des témoignages variés, un récit fin et juste qui fait froid dans le dos mais apporte une contribution très intéressante au débat sur l'Histoire. Et la fin est particulièrement réussie !

"Ce qui nous oppose, c'est le définition qu'on donne d'une preuve. Les historiens formés à l'occidentale ou à l'asiatique se sont toujours basés sur la documentation, or le Pr Wei donne désormais la primauté aux témoignages - des témoignages qui de plus proviennent d'individus non pas contemporains des événements, mais issus d'une époque ultérieure. Cette démarche pose bien des problèmes. La psychologie et le droit nous ont appris à douter de la fiabilité des témoins oculaires. L'utilisation unique par nature du procédé Kirino soulève aussi des questions, car elle paraît détruire son objet d'étude et effacer l'histoire à laquelle elle prétend permettre d'assister : impossible de revenir à un moment dont un autre témoin a fait l'expérience et qu'il a donc annihilé." (p 82)

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