Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les 2 bouquineuses ont aimé
12 mars 2017

"Petit pays" de Gaël Faye * * * * (Ed. Grasset ; 2016)

416V6j5WAiL" Il m'obsède ce retour. Pas un jour sans que le pays ne se rappelle à moi. Un bruit furtif, une odeur diffuse, une lumière d'après-midi, un geste, un silence parfois, suffisent à réveiller le souvenir de l'enfance. "tu n'y trouveras rien, à part des fantômes et un tas de ruines" ne cesse de me répéter Ana, qui ne veut plus jamais entendre parler de ce "pays maudit". Je l'écoute, je la crois. Elle a toujours été plus lucide que moi. Alors je chasse cette idée de ma tête. je décide une fois pour toute que je n'y retournerai plus. Ma vie est ici. En france." (p 13)

Gaby, le narrateur, dont Gaël Faye dit que c'est bien sûr un peu lui, se souvient de son enfance avec sa mère rwandaise, son père français et sa petite soeur Ana ; il a des mots superbes pour parler de ses parents, de leur beauté, un viking aux yeux verts et une beauté svelte à la peau noire ébène, parents qui assez vite ne se sont plus entendus et se sont séparés : "Ils n'avaient pas partagé leurs rêves, simplement leurs illusions".
Ils vivaient au Burundi où Yvonne, la mère, s'était réfugiée après avoir quitté son pays le Rwanda au moment des massacres de 1963 et où Michel, le père, était venu faire son service civil.
L'auteur raconte superbement le quartier de Bujumbura, une certaine impasse où ils habitent, le combi Volkswagen où se retrouvent tous les copains,  les visites à la famille et aux amis des parents, le perroquet qui le réveille le matin en imitant la voix du père, "le bonheur, la vie sans se l'expliquer".
Et puis, un jour, la mère est partie ; mais la vie a continué, Gaby a fêté mémorablement ses onze ans peu après les premières élections démocratiques, et quand on lui demandait "Comment ça va ?" Gaby répondait "ça va!".

Dans la deuxième partie, petit à petit les choses changent, la peur monte et Gaby découvre qu'en fait il y a des Hutu et des Tutsi dans son pays et qu'ils se font la guerre ; la violence est de plus plus présente et maintenant quand on lui demande comment il va, Gaby répond comme les autres burundais "ça va un peu". Tout est dit...
Heureusement une voisine va lui faire connaître le bonheur de lire : "vous avez lu tous ces livres ? j'ai demandé. Oui. certains plusieurs fois, même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m'échapper. Ils m'ont changée, ont fait de moi une autre personne. Un livre peut nous changer ? Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre..." (p 169)

Même si l'auteur nous épargne la description du génocide, celui-ci est en arrière plan et l'horreur est bien présente ; la fin du livre est triste et on ne peut s'empêcher de se demander si et comment on aurait pu éviter ça...

L'écriture est très belle et le vocabulaire souvent original ; c'est la formulation des idées et des faits qui est intéressante parce que racontées à hauteur d'enfant, dans la joie comme dans la peine.
Un livre magnifique, bouleversant ; Gaël Faye est un écrivain, un poète de l'enfance et de l'Afrique, un homme capable de nous émouvoir au plus profond de nous-même parce qu'il parle juste et bien.

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Oui, un bon livre, bouleversant.
Répondre
N
Il a bien mérité son succès celui-ci ! :-)
Répondre
C
Attendons impatiemment le suivant !
Répondre
C
J'ai beaucoup aimé ce livre, plein de sensibilité. Bravo
Répondre
C
La découverte d'un écrivain, c'est toujours formidable !
Répondre
Bienvenue sur notre blog !

Ici, pas de critiques négatives !
Vous ne trouverez que les livres que nous avons aimés :

beaucoup ***
passionnément ****
à la folie *****

N'hésitez pas à commenter !
Bonnes découvertes,
et surtout bonnes lectures !


Publicité
Archives
Publicité