"Pas dupe" de Yves Ravey * * * (Ed. de Minuit ; 2019)
Mais alors, qui n'est pas dupe dans cette histoire policière autour de l'"accident" de voiture de Mme Tippi Meyer ? Il y a peu de personnages dans ce huis-clos entre le mari, le père et l'amant de Tippi, plus l'inspecteur Costa bien sûr, un genre de Colombo qui ramasserait les indices tels les cailloux du petit poucet...
Les débris de la voiture de sport de Tippi ont été retrouvés ainsi que son corps, au fond d'un ravin très tôt un matin ; cela se passe en Californie et la route, pleine de virages, borde des précipices.
Accident parce qu'elle avait consommé beaucoup d'alcool ? Assassinat parce qu'elle menaçait son amant de révéler leur liaison à sa femme ou parce qu'elle trompait éhontément son mari ? Et le père, Bruce, qui emploie son gendre dans son entreprise de génie civil et qui le méprise, un incapable à son avis, quel rôle joue-t'il ?
C'est le mari qui raconte et quand on plonge dans sa narration, on n'en ressort pas avant la fin, pas avant d'avoir lu les cent quarante pages haletantes dans lesquelles un voisine très curieuse et très observatrice s'immisce ; c'est le jeu entre l'interrogé et l'interrogateur qui est très intéressant ici, un jeu du chat et de la souris, finement établi par l'auteur.
Un bon roman policier, à la psychologie étonnante.
Premières phrases : " J'ai revu Kowalzki au bord du précipice, le jour où la voiture de Tippi est sortie de la route. Il contemplait le vide, l'air hagard. Je connaissais bien Kowalzki. Sa profession, agent d'assurances à la compagnie Pacific, mais aussi, depuis pas mal de temps, amant de Tippi, ma femme, morte dans l'accident. C'est son corps à elle que je cherchais à distinguer maintenant, parmi les débris, au fond du ravin."