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Les 2 bouquineuses ont aimé
15 juin 2020

"La panthère des neiges" de Sylvain Tesson * * * * (Ed. Gallimard ; 2019)

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C'est le grand photographe amoureux de la nature, Vincent Munier, qui a invité l'auteur à une traque, une chasse, une quête dans la steppe tibétaine : ils ne vont pas faire de mal à quiconque ces humains respectueux, ils veulent seulement voir, observer, photographier.
Partis au Tibet, sur les traces d'un animal mythique, à l'affut pendant des jours et des jours, dans un froid glacial, en territoire hostile, ils attendent. Ils en voient des bêtes, et des intéressantes, hémiones, gazelles, aigles royaux, chèvres bleues, loups, yacks...mais pas celle qu'ils poursuivent : la majestueuse panthère, la beauté devenue félin. Le terrain de leur recherche, un désert minéral dont les températures varient entre - 20°c et - 30°c ; des lieux d'une grande splendeur, immenses, presque vides pourrait-on croire, situés entre 4000 et 5000 m d'altitude. 

Dans sa langue précise et imagée, Sylvain Tesson, face au monde et dans l'attente de la venue des "bêtes", philosophe et décrit ce qu'il ressent et ce qu'il sait de la vie. Son écritutre est faite de phrases courtes, souvent assénées à ses lecteurs, avec un sens de la formule très développé.
Bien sûr, parfois, souvent, il parle de lui ; mais il ajoute une touche d'humour, d'abord parce qu'il le sait qu'il se met en avant et aussi pour se moquer : "Munier, tristement : Mon rêve dans la vie aurait été d'être totalement invisible. La plupart de mes semblables, et moi le premier, voulaient le contraire : nous montrer. Aucune chance pour nous d'approcher une bête."

Tout à coup, l'animal est là ; "Elle tourna la tête, pleine face. Les yeux me fixèrent. C'étaient deux cristaux de mépris, brûlants, glacials. Elle se leva, tendit l'encolure vers nous. Elle nous a repérés, pensai-je. Que va-t-elle faire ? Bondir ? Elle baîlla. Voilà l'effet de l'homme sur la panthère du Tibet." (p 108)

Et son érudition lui permet de nous entretenir de ses lectures et de ce qu'il en a retenu ; c'est formidablement intéressant parce que cité à bon escient. Les écrits d'Aristote et de Nietsche semblent avoir sa préférence, ainsi que le Tao ; souvent enthousiaste, notre explorateur n'est jamais blasé, toujours en alerte pour apprendre et découvrir.
Plus que fâché contre les chasseurs, Sylvain Tesson le dit comme il le pense :   "... l'une des traces du passage de l'homme sur la Terre aura été sa capacité à faire place nette. L'être humain avait résolu la question philosophique de la définition de sa nature propre : il était un nettoyeur." (p 64)

"Pourquoi détruire une bête plus puissante, et mieux adaptée que soi ? Le chasseur fait coup double. Il détruit un être et tue en lui-même le dépit de n'être point aussi viril que le loup ou aussi découplé que l'antilope. Pan ! Le coup part..." (p 42)

La vision de l'animal ramène au plus profond de soi, la panthère est un miroir ; évitons de passer notre vie dans l'agitation et dans le manque d'attention, nous dit l'auteur.
Discretion, attention, patience nous révèlent, font jaillir des choses profondes ; mais pour cela il faut un Vincent Munier qui vous apprenne à voir...

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