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Les 2 bouquineuses ont aimé
19 juillet 2020

"À contre-courant" de Richard Flanagan * * * * * (Ed. Babel ; première parution 1994)

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Il s'appelle Aljaz Cosini et il est guide de rivière, cet homme qui nous raconte peu ou prou sa vie et aussi celle de ses ancêtres ; et puis, on comprend assez vite qu'il est en train de se noyer, sous les yeux des "aventuriers" qu'il accompagne dans une expédition, et que, pendant ce temps d'anéantissement, viennent à son esprit des souvenirs mais surtout des visions auxquelles il assiste impuissant.
Je vous le dis, c'est loin d'être une chose facile, pour un pauvre type en train de se noyer, d'assister au dévoilement des lamentables vérités de sa famille. Assister à tout cela, cela revient en effet pour moi au même que si je vous le racontais, comme si j'étais simultanément le réalisateur du film, le projectionniste et le public dans la salle, et je ne suis pas certain que ce soit réellement une bonne chose de divulguer de cette manière nos secrets de famille, même à moi au fond de ce trou liquide." (p 77)

Première de couverture : une clé - un peu rouillée - qui s'enfonce dans l'eau, qui se noie ; une explication possible en lien avec le récit, chaque être humain qui disparaît, c'est une somme de souvenirs et de rêves qui s'en vont à tout jamais...
Aljaz avait toute une histoire, des parents, des amis, une épouse et même un enfant pendant quelques mois ; en regardant de près les relations familiales, l'auteur nous rappelle que chacun de nous est l'aboutissement de rencontres, d'existences différentes, surtout dans des contextes historiques et sociaux particuliers ; là nous sommes en Tasmanie, territoire encore sauvage peuplé à l'origine d'aborigènes rejoints au tout début de XIXème siècle par des colons anglais puis par des forçats, une région où il y eut des chercheurs d'or et des hommes qui vendaient leurs dents à des dentistes qui les envoyaient en Angleterre...

De jour en jour d'expédition sur la  Franklin River, le récit progresse, émaillé des récits des aventures des personnages plus ou moins proches de Aljaz et même du récit de sa propre naissance ; son père Harry et sa mère Sonja, lui australien, elle européenne de Slovénie, alors pourquoi au décès de son père - sa mère déjà morte depuis longtemps - la vieille amie de ses parents lui tend-elle un miroir en lui disant "ça, c'est un abo !" ? Et puis, il y a tantine Ellie, une sacrée petite bonne femme capable de convoquer des vents, et bien d'autres personnages extraordinaires mais tellement authentiques.
La question des origines, celle des aborigènes et de la dépossession des terres est constamment en filigrane dans le livre ; la nature tropicale, la forêt dense et les grandes chutes, la voix des anciens et leurs rites nous emmènent loin, très loin dans le temps et dans l'espace.

Narration prenante, envoûtante, magnifique, par un auteur devenu "culte" en Australie, une façon de voir le monde, l'autre, qui frappe tout de suite par son originalité, mais aussi son pessimisme ; c'est très humain, émouvant, un récit puissant, un peu triste, mais écrit d'une façon magnifique.
On comprend que ce livre et son auteur soient "culte" dans cette région du monde que l'on ne connaît pas beaucoup et qu'on ne comprend pas toujours bien. Et pourtant, malgré les différences, que de similitudes dans les évènements et les ressentis des existences des habitants de la Tasmanie avec les nôtres !

Un livre superbe, à ne pas manquer !

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