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Les 2 bouquineuses ont aimé
16 août 2020

"Là où les chiens aboient par la queue" de Estelle-Sarah Bulle * * * (Ed. Liana Levi ; 2019)

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C'est l'histoire de la Guadeloupe et de ses habitants, mais surtout l'histoire d'une famille, les Ezechiel : un père, Hilaire (Hilaire traitait ses enfants comme il traitait ses animaux : un verre de tendresse, un seau d'autorité et un baril de débrouyé zôt), une mère béké, blanche, Eulalie Lebecq, morte trop tôt, trois enfants, deux filles Apollone (Antoine de son nom de savane pour embrouiller les esprits) et Lucinde, et un garçon que la famille appellera toujours "Petit-Frère", ainsi que de nombreux cousins...

Cinq kilomètres pour aller à l'école, pas d'électricité ni d'eau courante, un père désinvolte et insoucieux du lendemain, la vie n'est pas toujours facile dans ce minuscule village isolé, trop calme et endormi ; "j'ai la Guadeloupe en colère" a dit Petit-Frère à sa fille beaucoup plus tard, une fois qu'il a fait sa vie en Métropole... car c'est aussi une histoire d'exil, celui des antillais dans les années 60.
Début du récit : 1947, le personnage principal, Antoine,16 ans, quitte Morne-Galant pour Pointe-à-Pitre ; jeune fille puis femme intelligente, libre, décidée, Antoine est une rebelle dès l'enfance, un être original et créatif, une maline qui sait ce qu'elle veut et qui se choisira une vie indépendante.

Raconté par plusieurs personnages à tour de rôle (qui ont des souvenirs assez différents bien sûr), dont "la nièce" qui vient voir sa tante Antoine pour converser avec elle et connaître l'histoire de la famille et de la Guadeloupe, le récit expose habilement les "problèmes des DOM-TOM", les qualités et les défauts de leurs habitants, la difficulté à choisir où l'on fera sa vie, cet "entre-deux" dans lequel vivent souvent inconfortablement ceux qui se sont exilés.
Vivant, bien écrit, avec une jolie petite musique créole, ce récit original et romanesque nous parle des "immigrés de l'intérieur", de ceux qui ont du mal à trouver leur place en tant que "métis". Une lecture intéressante et agréable.

Premières phrases : " J'ai quitté Morne-Galant à l'aube parce que c'était la seule façon de ne pas cuire au soleil. Morne-Gallant n'est nulle part, autant dire une matrice dont je me suis sortie comme le veau s'extirpe de sa mère : pattes en avant, prêt à mourir pour s'arracher aux flans qui le retiennent. J'ai vu ça des dizaines de fois avant mes sept ans, la naissance du veau qui peut mal finir. Papa laissait toujours faire ; c'était à la nature de décider qui devait vivre et qui devait mourir."

 

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