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Les 2 bouquineuses ont aimé
12 mars 2021

"Le silence d'Isra" de Etaf Rum * * * * (Ed. Les éditions de l'Observatoire ; 2020)

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Très beau livre, mais terrible histoire ! 

La création de l'état d'Israël, la "vie" dans des camps de réfugiés (mais est-ce une vie ?), l'émigration pour Brooklyn de Khaled, Farida et leurs 4 enfants 3 garçons et une fille, leur installation dans un quartier où il y a déjà une communauté palestinienne et l'existence qui se déroule pendant quelques années, jusqu'à ce qu'il soit temps de marier l'aîné. Alors souvent, on va chercher une femme au pays, une femme douce et "muette" qui se soumettra aux désirs des autres ; Isra était la candidate parfaite, respectueuse, dressée par une mère qui ne voyait et ne s'occupait que de ses garçons, une mère aimée mais qui n'avait pas d'affection pour sa fille.

Le récit, c'est Deya, la fille d'Isra, qui l'écrit une dizaine d'années après la mort de ses parents ; à elle l'aînée et à ses soeurs, Khaled et Farida, ont dit que leurs parents étaient morts dans un accident. Il y a là un secret, Deya le sent bien, elle qui se souvient de la grande tristesse de sa mère et qui constate qu'aucune famille ne vient jamais les voir. Que s'est-il passé ? Deya cherche ce qui est arrivé à sa mère...

La place de la femme palestinienne, abordée tout au lond du livre, est de faire des enfants - non, des garçons -  et d'obéir à son mari ; être battue, aussi.... Les filles sont des dangers, elles peuvent être source de déshonneur. Mais Isra ne met au monde que des filles, qu'a-t-elle bien pu faire de mal pour mériter ça ?
Autre problème constamment soulevé  : la culpabilité. Les membres de la famille, et leurs quelques ami.e.s aussi, sont enfermé.e.s dans un mode de vie renouvelé sans modification de génération en génération, avec des craintes insensées et aucun recul face à l'existence, même si celle-ci se déroule à New York. Beaucoup de souffrances en découlent, mais malgré les questions que toutes les femmes se posent, leurs désirs de changement, presque rien ne change.

Sarah, la seule fille de Khaled et Farida a quitté sa famille mais Deya va comprendre qu'elle n'y est arrivé qu'en coupant complètement les liens ; Deya arrivera-t-elle à imposer à ses grands-parents son choix d'aller à l'université tout en continuant à les voir, à vivre avec eux et ses soeurs ?

"Le silence d'Isra" est un livre qui fourmille de questions sur la famille, les traditions, la religion, la violence... C'est poignant et très bouleversant. L'idée qu'il y ait de nombreuses Isra est difficilement acceptable... Heureusement, le récit se termine sur un espoir, une lumière au bout du long tunnel traversé par toutes ces femmes si malheureuses et souvent impuissantes.

Extrait : " Les livres tenaient compagnie à Isra. Pour faire taire ses inquiétudes, il lui suffisait de plonger entre leurs pages. En un instant, son monde cessait d'exister, remplacé par un autre. Elle se sentait revenir à la vie, sentait quelque chose éclore au plus profond d'elle, sans savoir vraiment ce dont il s'agissait. Pourtant  ce désir de se lier à d'autres histoires la comblait. Elle se couchait encore subjuguée d'avoir vécu aussi intensément, au point qu'elle avait presque la sensation que ces mondes imaginaires étaient en réalité les seuls lieux où elle existait vraiment." (p 269)

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