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Les 2 bouquineuses ont aimé
21 novembre 2021

"Dans la forêt" de Jean Hegland * * * * (Ed. Gallmeister ; 2018, publication originale 1996)

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Ce n'est pas toujours facile de rédiger la critique d'un livre plusieurs semaines après l'avoir terminé ; quand le lecteur ou la lectrice peut noter son appréciation, comme c'est le cas ici, avec suffisamment de souvenirs de l'histoire racontée ou des impressions induites, c'est plutôt bon signe...

S'il avait été écrit il y a peu, ce serait déjà un très bon récit ; mais savoir qu'il a vingt-cinq ans, étonne et force l'admiration. À la fin des années 90, bien sûr l'écologie existait et nombreux étaient ceux qui se préoccupait fortement de l'environnement ; mais ce qu'on peut lire là, surtout dans la deuxième partie du livre, tient plutôt d'une vision, d'une anticipation d'un futur, assez extraordinaire.

Nell et Eva, un an d'écart, ont vécu avec leurs parents dans une maison forestière ; l'une est une future grande danseuse, l'autre une intellectuelle qui n'aime rien tant que de lire l'encyclopédie. Il y a beaucoup d'amour entre les deux soeurs et sans doute aussi des sentiments plus complexes. Quand la mère meurt, qu'une panne d'électricité géante paralyse tout le pays et que le père disparaît à son tour, les deux jeunes filles de dix-sept et dix-huit ans doivent faire face à leur chagrin et à l'effondrement de la seule vie qu'elles connaissaient ; grâce à leur courage malgré la peur et à leur espoir de vivre malgré tout un futur qui en vaille la peine, elles vont se battre et se réinventer un avenir.

Très bonne et intéressante évocation de la fin de l'adolescence : " Je ne sais pas si c'est l'incertitude de cette époque qui conférait une dimension importante à ces soirées, ou si pour tout le monde il existe un moment où l'on a l'impression de faire partie des élus, de resplendir d'un éclat plus vif, plus chaud et plus farouche que cela n'a été ou ne sera le cas pour qui que ce soit." (p 79), d'une ville complètement abandonnée : " Où est passé tout le monde ? La ville a l'air déserte. Des tas de gens sont partis, bien sûr, à la suite des rumeurs... Personne n'est revenu pour l'instant." (p 113), des ressources d'une forêt : " ... les érables de la forêt produiront de la sève sucrée, les feuilles des pas d'âne peuvent nous donner du sel, et les Indiens qui vivaient là autrefois utilisaient la mousse espagnole comme couches pour les bébés, le pavot de Californie comme antidouleur, la farine de gland moisi comme antibiotique." (p 226)

Un livre sur le dépouillement, un nécessaire changement de vie, le deuil, la forêt comme lieu de vie mais aussi de mort... Beaucoup de questions existentielles et d'actualité, auxquelles l'auteure apporte sa réponse, une réponse passionnante ! Un livre d'espoir dit Jean Hegland...

Petit à petit, la forêt que je parcours devient mienne, non parce que je la possède, mais parce que je finis par la connaître. Je la vois différemment maintenant. Je commence à saisir sa diversité - dans la forme des feuilles, l'organisation des pétales, le million de nuances de vert. Je commence à comprendre sa logique et à percevoir son mystère." (p 227)

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Commentaires
T
J'ai lu d'abord le roman, puis la BD qui en a été tiré. Davantage qu'un simple "retour à la nature" (féminin), je l'ai compris comme la chut d'une civilisation, moins brutale que celle qu'on percevait en filigrane dans "La route" de Cormac Mc Carthy, mais par déliquescence progressive (arrêt des échanges...). Un roman d'anticipation?<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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