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Les 2 bouquineuses ont aimé
28 novembre 2022

"Ton absence n'est que ténèbres" de Jón Kalman Stefánsson * * * * * (Ed. Grasset ; 2022)

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L'écrivain islandais, J. K. Stefánsson nous a habitués à une littérature magnifique, pleine d'un extérieur froid et enneigé et de personnages incroyablement chauds et vivants ; il sait raconter des histoires à la fois individuelles et familiales, des histoires de destin...

Ce roman-là, un peu déroutant au départ parce qu'il s'agit d'un homme qui a perdu le souvenir des êtres et des choses, rejoint rapidement les précédents et apparaît plus mature ; l'auteur évolue, nous fait cadeau de toute sa puissance de narration et de visualisation, et d'une construction remarquable, parsemée de musique et de philosophie...

Un homme, le narrateur, se retrouve tout à coup dans une église, puis va dans le cimetierre ; un peu perdu, il ne reconnaît personne, alors que les habitants de ce petit village des fjords de l'ouest de l'Islande semblent bien savoir qui il est, et qu'il est parti depuis longtemps.
Dans le cimetière à côté de l'église, le narrateur s'aperçoit que les marins, les éleveurs, et leurs mères, femmes, soeurs ou filles, aux prénoms qui ont le charme de l'inconnu, possèdent des phrases de Kierkegaard écrites sur leur pierre tombale, dont celle-ci, certainement gravée pour une épouse très aimée : "ton souvenir est lumière, ton absence n'est que ténèbres."
Le récit devient rapidement un roman extraordinaire : les époques se chevauchent, les destinées s'entrecroisent, les personnages, attachants car très humains, dont certains sont déjà dans le cimetière forment des lignées qui vécurent et vivent encore des vies souvent rudes dans les fjords islandais. Heureusement, la vie n'est pas que désespérance pourrait dire un des personnages, il y a la lecture, l'écriture et l'amour fort qui transcende tout.

Parlant de son livre J. K. Stefánsson souligne que son héros n'a pas de mémoire, mais qu'il écit les mémoires des autres ; et ce qu'il aime par dessus tout, Mr Stefánsson, c'est montrer les enchaînements d'événements, les cascades de causes et de conséquences et ce à quoi elles aboutissent à long terme.

Quel bonheur de lire Stefánsson ! François Busnel dit de lui qu'il est l'un des plus grands romanciers contemporains et de ses livres qu'ils sont "uniques, saturés de poésie, parsemés de philosophie" ; parfaitement traduits, les écrits de J. K. Stefànson sont à la fois originaux et semblent venus de la nuit des temps : histoires éternelles des rapports humains, questionnements et réflexions sur l'existence, emprise de l'environnement... 

La présence, dans ce livre-là, d'un personnage récurrent - le chauffeur de bus sanctifié - qui s'en prend au narrateur, permet d'aborder des thèmes chers à J. K. Stefánson : l'amour, la mort, la famille, les choix de vie... et l'auteur tente de répondre à des questions obsédantes : l'écrivain est-il responsable, voire coupable de la vie et de la mort de celles et ceux dont il raconte l'existence ? Que peut devenir un être humain quand il apprend à quarante ans que toute sa vie est construite sur un malentendu, ou un mensonge ?

Un livre qu'il faut prendre le temps de lire, de déguster, de savourer ; surtout ne pas hésiter à passer du temps avec lui !

Extrait p 28 : " C'est bien beau d'avoir des rêves, mais ils ne doivent pas nous détourner de nos devoirs et responsabilités. Voici donc la question : est-ce maturité ou manque de courage de se résoudre à son destin ? Est-ce signe de responsabilité ou de lacheté ?

 

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