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Les 2 bouquineuses ont aimé
31 mars 2024

"Proust, roman familial" de Laure Murat * * * (Ed. Robert Laffont ; 2023)

Il faut bien le dire, les cinquante ou soixante premières pages du bouquin ne m'ont pas enthousiasmée... La généalogie de L. Murat, et le fait que Proust ait repris tel ou tel personnage qu'il côtoyait lors de ses sorties dans le monde pour en faire un protagoniste de son récit, n'est pas en soi passionnant, ni les détails familiaux de cette noblesse qui cherche à survivre.

Ce qui l'est beaucoup plus, c'est de retrouver le regard que l'écrivain portait sur les aristocrates : "Dans la danse de l'aristocratie et de cet art de vivre qu'il convient de prendre au pied de la lettre, Proust a trouvé un inépuisable objet de réflexion". (p 22)

Ainsi le récit devient nettement plus attractif lorsque l'autrice décortique quelques textes proustiens, par exemple "les souliers rouges de la duchesse" et nous montre que Marcel Proust - s'il a eu envie à un moment de faire partie de ce monde - n'était pas dupe, en particulier d'une certaine grossièreté, la brutalité vulgaire que montrent le Duc et la Duchesse de Guermantes en retard pour un dîner alors que Swann annonce sa mort prochaine... La bêtise, la vanité, le monde du néant sont dénoncés par Proust, et L. Murat démontre qu'il a mis à nu de façon impitoyable cette noblesse française persistante.

Il y a des passages très intéressants sur les relations de l'autrice avec ses parents - sa mère en particulier - dont on s'effraie que la vie en ait fait des êtres aussi rigides, persuadés de leur supériorité en toute chose, incapables de s'adapter et de comprendre, même un de leurs enfants...
Mais Laure Murat n'a pas respecté les règles et les usages de son monde :
"Mon destin, on me l'a assez répété, était de me marier et d'avoir des enfants. Je n'ai pas d'enfants, je ne suis pas mariée, je vis avec une femme, je suis professeure d'université aux États-Unis, je vote à gauche et je suis féministe. Pour le milieu d'où je viens, c'est excéder de beaucoup le délit de cumul des mandats". (p 14).

Vers la fin du livre, de belles pages sur son père le montrent finalement assez libre et original par rapport aux dictats aristocratiques : " Mon père avait le sens de l'élégance comme celui du jeu et de l'amitié. Je crois n'avoir jamais rencontré quelqu'un qui souffrait autant de la vulgarité - un geste déplacé, une expression ordinaire trahissant une pensée médiocre l'atteignaient comme quelqu'un qui reçoit un coup. Cela n'avait rien à voir avec la classe sociale. Ou plutôt si. Bien des ducs et des grands bourgeois n'étaient pour lui que des ploucs, mot qu'il employait à tout va et à leur destination exclusivement."

Récit autobiographique basé sur "Comment Proust a changé ma vie" par l'éclairage qu'il donne d'un milieu vide et finalement assez pauvre qui est celui d'origine de Laure Murat, et par le rejet des homosexuel.les au début du XXème, rejet dont fut victime l'autrice de la part de sa famille, ce texte assez inégal a le mérite de donner l'envie de relire À la recherche du temps perdu pour y trouver encore plus de plaisir.

 

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