"Profanes" de Jeanne Benameur * * * *
"Quand je n'ai plus de refuge, je vais dans les mots. J'ai toujours trouvé un abri, là. Un abri creusé par d'autres, que je ne connaîtrai jamais et qui ont oeuvré pour d'autres qu'ils ne connaîtront jamais. C'est rassurant de penser ça."
Un très vieil homme, Octave Lassalle - quatre-vingt-dix ans - en bonne forme physique et intellectuelle, engage quatre personnes pour s'occuper de lui à des heures différentes de la journée ; c'est un ancien chirurgien qui anticipe le moment où il aura trop de difficultés pour s'en sortir seul. A sept heures du matin, arrive Marc Mazetti, dont on comprend vite qu'il a été soldat en Afrique et qu'il y a vécu des choses qui ne laissent jamais sa mémoire au repos ; Hélène Avèle, elle, viendra de quatorze à dix-huit heures ; elle est peintre et a reçu une commande particulière : celle de dessiner d'après une très vieille photographie, le visage de Claire, la fille unique d'Octave, décédée dans un accident de voiture et qu'il n'a pas pu sauver. Ensuite, c'est Yolande Grange qui prendra le relais jusqu'à vingt-deux-heures ; et enfin, Béatrice, la jeune étudiante infirmière passera la nuit dans la maison. Chacun choisit une chambre au deuxième étage et commence son travail. A l'instinct, Octave Lassalle a choisi quatre personnes qui ont une histoire peu banale et qui touche le vieil homme. Jour après jour, les liens se tissent... Avec beaucoup de douceur et d'humanité, J. Benameur nous raconte des vies d'hommes et de femmes portés par des élans de vie forts, malgré les difficultés et les doutes ; un très beau livre, intelligent, émouvant et riche, un très beau moment de lecture.
Premières phrases : "Ils sont là, derrière la porte. Il ne faut pas que je rate mon entrée. Maintenant que je les ai trouvé, tous les quatre, que je les ai rassemblés, il va falloir que je les réunisse. Réunir, ce n'est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C'est plus subtil. Il faut qu'entre eux, se tisse quelque chose de fort."