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Les 2 bouquineuses ont aimé
5 mai 2014

"Le premier homme" de Albert Camus * * * * *

premier_homLivre inachevé qu'Albert Camus écrivait au moment de sa mort (janvier 1960), "Le premier homme" raconte l'enfance en Algérie de Jacques, le "double" d'Albert. D'une très belle écriture faite de longues phrases travaillées, soignées, au vocabulaire précis et très évocateur, l'auteur nous raconte Jacques qui n'a pas connu son père, mort à la guerre quand il n'avait que quelques mois. Il y a le personnage extraordinaire de la grand-mère, qui commande à la maison ; très sévère, elle peut aussi parfois être tendre et par exemple se laissera convaincre par Mr Germain le maître d'école de laisser Jacques poursuivre ses études ; la mère, fragile, belle, mais isolée par sa surdité est une bonne mère mais complètement dépendante et soumise à sa propre mère ; il y a aussi l'oncle, pas tout à fait normal, et le grand frère dont l'auteur parle peu. Albert Camus arrive à montrer la pauvreté et la totale inculture de sa famille sans paraître méprisant ni dédaigneux ; au contraire, son amour pour les siens apparaît extrêmement fort, et son enfance heureuse. Mais en grandissant, il est partagé entre deux vies "qu'il ne pouvait relier l'une à l'autre" : la vie du lycée, étude et jeux avec ses camarades et la vie à la maison auprès de sa famille. Le livre est fait essentiellement des souvenirs - d'ailleurs souvent très précis - que l'auteur a gardé de son enfance, souvenirs ravivés par les visites qu'il fait vers l'âge de 40 ans à sa mère et à son instituteur qui nomme le prix Nobel de littérature "petit" : les livres qu'il empruntait à la bibliothèque, la remise des prix à laquelle assistaient fièrement mère et grand-mère, les grandes vacances scolaires sous le "soleil féroce" uniquement pour les élèves, les travailleurs n'ayant pas de congés à cette époque-là ; tout un monde est reconstruit grâce à cette écriture fascinante qui met en relief les personnalités, les lieux de vie, les odeurs, la chaleur.

Premières phrases : "Au-dessus de la cariole qui roulait sur une route caillouteuse, de gros et épais nuages filaient vers l'est dans le crépuscule. Trois jours auparavant, ils s'étaient gonflés au-dessus de l'Atlantique, avaient attendu le vent d'ouest, puis s'étaient ébranlés, lentement d'abord et de plus en plus vite, avaient survolé les eaux phosphorescentes de l'automne, droit vers le continent, s'étaient effilochés aux crêtes marocaines, reformés en troupeaux sur les hauts plateaux d'Algérie, et maintenant, aux approches de la frontière tunisienne, essayaient de gagner la mer Tyrrhénienne pour s'y perdre."

 

 

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Commentaires
B
Cela me ramène loin en arrière, je l'avais lu lors de sa publication et j'en garde le souvenir d'un roman différent dans l'oeuvre de cet immense écrivain, un roman très émouvant et intimiste. Ce qui me donne envie de le relire.
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C
Livre d une grande sensibilité . Très beau texte sur ces gens qui sont arrives sans rien en Algérie , plein d.espoir et qui ont trouvé la misère . Camus rend hommage à leur courage.
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