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Les 2 bouquineuses ont aimé
12 février 2020

"Elle et nous" de Michel Jean * * * * (Ed. 10 sur 10 ; première parution 2012)

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Quel bonheur de retrouver l'admirable littérature du québecois d'origine innue Michel Jean ! Nous avions déjà beaucoup aimé "La belle mélancolie" il y a quelques années, et l'auteur nous avait contactées après notre critique. Cet auteur qui sait raconter les histoires, a-t'il reçu ce don de ceux de ses ancêtres qui étaient Indiens ?

Voici cette fois le récit d'une partie de son existence et de celle de sa grand-mère ; tout commence avec l'enterrement de cette dernière - qui avait une centaine d'années - et les souvenirs du narrateur qui lui reviennent avec force, ainsi que le regret de ne pas l'avoir plus interrogée cette grand-maman à laquelle il était très lié... Elle vivait dans une maison de retraite à côté du lac Saint-Jean, tout près du lieu de sa naissance.
Parlant alternativement de leur existence, la grand-mère Jeannette et son petits-fils Jean semblent dialoguer et se répondre ; le thème central, l'identité. Celle que l'on se cherche, celle que les autres voient en vous ou vous imposent...

Il y a donc l'histoire de Jeannette, en innu Shashuan Pileshish : petite hirondelle, qui apprit un jour avec stupéfaction que sa mère n'était innue que par choix ; qui naquit dans "le bois" et vécut toute son enfance en Nitassinan (notre terre) : " Nitassinan, mon enfant, c'est toutes les formes de vie réunies. Les forêts, les rivières, les montagnes, les lacs, les plantes, les pierres et les animaux qui l'habitent." (p47)
qui tomba amoureuse d'un homme qui n'était pas reconnu comme Indien et dû quitter son clan ; qui éleva dix enfants et qui, tout en croyant en Dieu, respectait le monde de la forêt dans lequel vivent les esprits.
Enfant, aînée d'une famille nombreuse, Jeannette a souffert de la faim ; par moment nourrir autant de monde de la chasse devenait chose difficile pour leurs parents... Cette histoire est à la fois racontée avec beaucoup de réalisme mais aussi de recul et de hauteur de vue ; une vie compliquée mais tellement riche et satisfaisante.

Et puis il y a les chapitres consacrés à Jean, l'auteur, où il parle de son passé, de ce qu'il a compris et retenu de la vie des Indiens Innus ; les réserves sont évoquées, les changements technologiques qui isolent, l'importance de la famille. Et cette question qui le taraude de sa part d'indianité.

Extrait (p 184) : " Ma cousine Jeannette m'a écrit  de Mashteuiatsh pour m'annoncer que le Canada avait changé la loi sur les Indiens. Le gouvernement canadien a adopté le projet de loi C-3 sur l'équité des sexes. Ça signifie que tes frères et toi pouvez réclamer votre statut d'Indiens.

J'ai toujours eu une relation amour-haine avec la notion de statut d'Indien. Je n'ai jamais trouvé sain que le pourcentage de sang d'un individu détermine son identité. Les autochtones sont d'ailleurs les seuls citoyens canadiens ainsi définis par la pureté de leur filiation.
... Pendant des années, il ne s'agissait que d'une question théorique. Des souvenirs d'enfance, des émotions qui reviennent de temps en temps. Rien de concret en fait. De la nostalgie. Des idées que je rumine dans le secret et dont je n'ose parler à personne
... Aujourd'hui, la question m'est posée directement. Elle est concrète. Et je dois y répondre. Veux-tu devenir un Indien ? Te considères-tu comme un Innu, toi, Michel ?

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