"La déesse des petites victoires" de Yannick Grannec * * * *
Le livre se construit autour de la vie de l'un des plus grand mathématicien du XXème siècle, Kurt Gödel, viennois naturalisé américain, ami d'Einstein et d'Oppenheimer. Sa femme Adèle raconte leur existence à Anna, jeune documentaliste envoyée en mission pour récupérer les "notes" laissées par le génie, le "Nachlass" de K. Gödel. S'ensuit une grande amitié entre la jeune femme et la très vieille dame, qui a sacrifié sa vie à "son homme". Les chapitres s'entrecroisent, racontant les joutes verbales des deux femmes d'une part - Adèle est très vieille mais n'a rien perdu de son franc-parler - et le quotidien des Gödel ; si Kurt était un génie il n'en était pas moins paranoïaque, anorexique et caractériel. Ces deux-là se sont aimés cinquante ans, jusqu'au bout de la vie, par delà les accès de folie. C'est passionnant, drôle, émouvant, très bien écrit ; un grand coup de coeur !
Premières phrases : "A l'exacte frontière du couloir et de la chambre, Anna attendait que l'infirmière plaide sa cause. La jeune femme se concentrait sur chaque bruit, tentant de museler son angoisse : conversations effilochées, éclats de voix, murmure des télévisions, chuintement des portes qui s'ouvrent sans cesse, claquements des chariots métalliques."