"La bâtarde d'Istanbul" de Elif Shafak * * * *
Qui est l'héroïne de ce livre ? Zeliha Kazanci, la stambouliote séduisante, minijupe, talons aiguille et piercing, qui vit avec ses soeurs, mère et grand-mère et a une fille dont personne ne connait le père ? Asya Kazanci, fille de Zeliha, jeune révoltée, qui multiplie les amants et rejoint ses amis dans un drôle de café d'Istanbul ? Armanoush Tchakhmakhchian, appelée Amy par sa mère, fille d'un arménien vivant aux USA avec sa famille, et de Rose une américaine blonde et dodue qui a divorcé de son premier mari arménien puis a épousé Mustafa, d'origine turc ? Istanbul elle-même, ville très cosmopolite, à la limite de l'orient et de l'occident, du passé et du présent ? Quand Amy fait en cachette un voyage en Turquie pour retrouver ses origines, elle va dans la famille d'Asya, car son beau-père Mustafa est le frère de Zeliha... Les deux jeunes filles vont devenir amies, bien que tout les sépare : l'une est turque, l'autre arménienne ; les pays où elles vivent semblent si différents, et pourtant, que de points communs entre elles ! Sur fond d'histoire de génocide et de diaspora arméniens, d'essais de modernisation de la Turquie qui veut se détourner de l'empire ottoman, un très beau roman qui donne l'espoir que grâce aux jeunes, les deux peuples ennemis pourront peut-être un jour renouer un dialogue. Et la jeune Asya, victime de secrets de famille, s'apaisera en sachant enfin qui était son père. Un livre très instructif, passionnant, extrêmement enrichissant.
Premières phrases : "Qu'importe ce qui tombe du ciel, jamais nous ne devons le maudire. Pas même la pluie. Qu'importe la violence de l'averse, la froideur de la neige fondue, jamais nous ne devons blasphémer contre ce que le ciel nous réserve. Personne n'ignorait cela. Pas même Zeliha."