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15 septembre 2015

"Femmes d'Alger dans leur appartement" de Assia Djebar * * * * (Ed. Le livre de Poche, 2015 ; écrit en grande partie en 1979)

femmes_d_algerTrès beau livre de Assia Djebar, première auteure nord-africaine à avoir été élue à l'Académie Française en 2005 (et première algérienne à avoir intégré Normale Sup en 1955).
C'est ainsi que A. Djebar présente son livre : ces nouvelles, quelques repères sur un trajet d'écoute, de 1958 à... à aujourd'hui, septembre 2001. Conversations fragmentées, remémorées, reconstituées... Récits fictifs ou frôlant la réalité - des autres femmes ou de la mienne -, visages et murmures d'un imaginaire proche, d'un passé-présent se cabrant sous l'intrusion d'un avenir incertain, informel." (premières lignes de l' "ouverture")
La construction du texte et l'écriture elle-même sont très poétiques et nous parlent du quotidien des femmes d'Alger. Deux parties dans ce recueil : "Aujourd'hui", histoires de femmes après l'indépendance de l'Algérie et "Hier" histoires de femmes avant la guerre d'indépendance.
"Récits d'hier et d'aujourd'hui" de femmes arabes, voilées, dominées par les hommes, leurs pères qui souvent les marient trop jeunes, leurs frères et leurs maris qui commandent et doivent être servis.
Voici ce que l'auteure dit de la première longue nouvelle, "La nuit du récit de Fatima" : " Ce récit le plus récent, placé juste après l'ouverture du recueil, je souhaiterais qu'il soit comme une lampe sur ce seuil, pour éclairer la solidarité de toute parole féminine, notre survie." Fatima y raconte sa vie et celle de ses parents à sa bru Anissa qui elle-même prend ensuite la parole : histoires d'enfants à donner ou à prêter, grande douleur de mère.
Dans les autres nouvelles, l'auteure évoque les femmes "enfermées", parlant peu ou pas sauf entre elles, femmes soumises et voilées, n'ayant le droit que d'être mère ; la violente nuit de noces, les bains publics où elles vont en groupe (souvent leur seule sortie), le ramadan...
Quelle identité réelle possible pour ces femmes ?
Et malgré leurs conduites courageuses pendant la guerre d'Algérie, leur déception quand le carcan de la tradition les paralyse à nouveau.

Assia Djebar, une femme qui parle, qui s'oppose au silence imposé à toutes les maghrébines.

Extrait (p 87) : " Les seules femmes libres de la ville sortent en files blanches, avant l'aube, pour les trois ou quatre heures de ménage à faire dans les bureaux vitrés des petits, des moyens, des hauts fonctionnaires qui arriveront plus tard. Elles pouffent de rire dans les escaliers, rangent les bidons l'air hautain, relevant lentement leurs coiffes superposées, tout en échangeant des remarques ironiques sur les chefs respectifs des étages, ceux qui, protecteurs, les questionnent sur les études des enfants, et ceux qui ne parlent pas, parce qu'on ne parle pas aux femmes, qu'elles travaillent dehors ou qu'elles soient, comme les leurs, objets de représentation..."

 

 

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