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Les 2 bouquineuses ont aimé
15 octobre 2016

"L'invention de nos vies" de Karine Tuil * * * * (Ed. Le Livre de Poche ; première parution 2013)

l_inventionPeut-on réussir sa vie quand on s'appelle Samir Tahar, qu'on est fils d'immigrés nord-africains, arabe, musulman ?
Bien qu'il ait été l'un des meilleurs dans ses études de droit, Samir n'a pas réussi à être embauché ; alors, lui faut-il s'inventer une autre vie ? D'autres origines ? Donc une autre identité ? Samir s'y résoudra, un peu par hasard, un peu par lâcheté, et traînera toute une partie de sa vie un secret qui lui gâchera l'existence : il est parti aux USA, s'est marié avec une riche héritière juive et a eu deux enfants ; il n'a pas arrêté pour autant de séduire toutes les femmes qui lui plaisent - c'est un libertin, il le dit lui-même - et mène une vie agréable et qui serait le paradis sur terre s'il n'y avait ce fond de remords...
Et puis, il y a Nina, la seule femme qu'il ait vraiment aimée ; mais, il y a vingt ans de cela, partagée entre deux hommes, Samuel qui pensait être écrivain et Samir, elle est restée en France avec Samuel qui avait fait une tentative de suicide pour ne pas la perdre.
Vingt ans plus tard donc, quand Samuel et Nina qui végètent quelque peu, voient Samir - entre temps devenu Sam - et sa réussite flamboyante à la télévision, ils n'en reviennent pas. Jouant un jeu dangereux, Samuel demande à Nina de le recontacter et c'est le début d'une série d'événements difficiles à maîtriser...

Problèmes identitaires, terrorisme, mal des banlieues françaises, difficultés de couple, choix de vie et destin... Karine Tuil excelle à nous présenter nos vies dans les sociétés actuelles violentes et brutales ; ce roman que l'auteure a voulu lucide sur la réalité, pose aussi la question de la place sociale des minorités et/ou des personnes issues de familles défavorisées.
L'écriture est vive, originale, "punchy" avec des phrases entrecoupées par moment de barres obliques pour créer un rythme, du dynamisme dans la lecture.

C'est très intéressant, moderne et... addictif !

Premières phrases : "Commencer par sa blessure, commencer par ça - dernier stigmate d'un caporalisme auquel Samir Tahar avait passé sa vie à se soustraire -, une entaille de trois centimètres au niveau du cou dont il avait tenté sans succès de faire décaper la surface à la meule abrasive chez un chirurgien esthétique de Times Square, trop tard, il la garderait en souvenir, la regarderait chaque matin pour se rappeler d'où il vient, de quelle zone / de quelle violence. Regarde ! Touche ! Ils regardaient, ils touchaient, ça choquait la première fois, la vue, le contact de cette cicatrice blanchâtre qui trahissait le disputeur enragé, disait le goût pour le rapport de force, la contradiction - une forme de brutalité sociale qui, portée à l'incandescence, présageait l'érotisme -, une blessure qu'il pouvait planquer sous une écharpe, un foulard, un col roulé, on n'y voyait rien !..."

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Commentaires
C
Je n'ai pas lu les précédents mais j'ai beaucoup aimé ces deux-là ; et la rencontre avec K. T. était un très bon moment !
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N
Déjà 3 ans ! Je me souviens avoir beaucoup aimé ce livre, un tournant dans l'écriture de Karine Tuil... sans savoir qu'il préfigurait L'insouciance que je trouve du coup beaucoup plus abouti. Mais cette réflexion sur l'identité et la façon dont elle peut nous enfermer est rondement bien menée !
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