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Les 2 bouquineuses ont aimé
9 septembre 2021

"L'ami arménien" de Andreï Makine * * * * (Ed. Grasset ;

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C'est toujours ce qui frappe le lecteur ou la lectrice en premier dans un livre d'Andreï Makine : la très belle écriture, un français parfait !
Une façon de faire des phrases justes, au vocabulaire très précis ; chaque phrase est bien construite, a un sens déterminé, les mots sont agencés de façon la plus correcte et la plus élégante. L'ensemble est un récit assez court, d'autant plus touchant.

Dans cette histoire qui relate un souvenir de son enfance passée en Sibérie, l'auteur a besoin de tout son talent pour - sans doute -  contrôler son émotion ; le narrateur a treize ans, il vit dans un orphelinat une amitié assez intense avec Vardan, un jeune arménien étrange et mystérieux, plus vieux d'un an mais fragile, souvent maltraité par les autres adolescents, et dont il va découvrir l'histoire.
L'Arménie, petite république du Caucase, est loin de la Sibérie ; mais une dizaine d'arméniens vivent au "bout de diable", un quartier périphérique proche de la prison où sont enfermés leurs proches en attente d'un procès.
Extrait p 32 : ...quelques arméniens, coupables de dissension, avaient donc été arrêtés et transférés à cinq mille kilomètres du Caucase, ce qui permettait de prévenir l'indulgence qu'aurait pu manifester la justice de leur terre d'origine."

En rendant visite à son ami souvent malade, le narrateur rencontre un autre monde, inconnu : la mère de Vardan, Chamiram, une belle femme âgée vêtue de noir, intelligente et accueillante, sa soeur aînée Gulizar dont le mari est incarcéré, le vieux Sarven, Ronine un prof de maths de leur école, handicapé à cause d'une blessure de guerre, et que la vie a malmené, toutes sortes de personnages qu'Andreï Makine fait ressortir du passé...

Grâce à deux photos anciennes, abimées et brunies, le jeune visiteur comprendra l'histoire du peuple arménien évoquée de façon courte mais intense par Chamiram, un peuple très ancien, une histoire de génocide dont Vardan et sa famille portent sans doute le fardeau.

Un très beau livre, que l'on porte longtemps en soi...

Première phrases : " Il m'a appris à être celui que je n'étais pas. Dans ma jeunesse, j'exprimais ainsi ce que la rencontre avec Vardan m'avait découvrir de mystérieux et de paradoxal derrière le manège du monde.
À présent, j'y vois non pas d'obscures énigmes et d'étonnants paradoxes, mais cette vérité simple que, grâce à lui, j'avais fini par comprendre : nous nous résignons à ne pas chercher cet autre que nous sommes, et cela nous tue bien avant la mort - dans un jeu d'ombres, agité et verbeux, considéré comme unique vie possible. Notre vie.

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