"Le vent nous portera" de Jojo Moyes * * * * (Ed. Hauteville ; publication originale 2019)

Une très belle histoire de femmes attachantes, débrouillardes et très courageuses - mais toutes les femmes ne le sont-elles pas ? - à la fin des années 1930, dans le Kentucky.
Baileyville est une cité minière, avec sa bourgeoisie rigide, imprégnée de morale religieuse mal comprise, avec ses hommes dominateurs auxquels les femmes doivent obéir sans renacler, ses ouvriers mineurs mal traités et ses "gens de couleur" pauvres et mal logés...

Ces femmes, héroïnes du récit, sont des convoyeuses de livres itinérants, des "bibliothéquaires des fins fonds de la campagne et de la montagne", où elles sont au départ plus ou moins bien reçues ; mais dans l'ensemble, les nombreuses familles isolées et aux très maigres ressources, bénéficieront de cette initiative avec beaucoup de plaisir.

Dans cette petite bourgade, une jeune femme d'origine anglaise est arrivée au bras de son nouvel époux, un jeune homme très beau mais complètement dominé par son père, le directeur intraitable de l'entreprise minière dans la maison duquel ils vivent ; pour une raison qu'Alice ne comprend pas, son mari la délaisse, n'a aucun rapport charnel avec elle, et laisse son père la maltraiter. Un jour, Mr Van Cleve se permet de lever la main sur sa belle-fille, fou de colère qu'elle ose lui résister et veuille continuer son activité de  bibliothécaire ; les conséquences seront redoutables...

Livre très agréable à lire, passionnant, instructif ; ça se lit vite, un véritable "page-turner". Écrit à partir d'un fait historique, l'organisation par l'épouse du président Roosevelt de bibliothèques itinérantes à cheval, ce récit est plein d'émotions, de sororité, d'aventures...

Extrait p 420 : " J'ai été arrogante, Sven. J'ai cru pouvoir vivre comme je le voulais, tant que je ne faisais de mal à personne. Mais j'ai eu le temps de réfléchir, ici - et j'ai compris. Tu n'en as pas le droit dans le comté de Lee, ni peut-être dans l'ensemble du Kentucky. Pas si tu es une femme. Tu joues selon leurs règles ou ils... eh bien, ils t'écrasent comme un insecte."