"La Belle Amour humaine" de Lyonel Trouillot * * * * * (Ed. Babel, 2013 ; première édition 2011)
Grand prix du roman métis
Prix du salon du livre de Genève
Lyonel Trouillot, une des grandes plumes haïtiennes contemporaines, nous emmène sur son île, à la découverte de la vie d'une communauté d'habitants, à travers l'histoire de la rencontre improbable de deux personnes provenant de mondes différents : Anaïse, une jeune occidentale vient à la recherche de ses origines paternelles et Thomas, haïtien, lui sert de guide et de chauffeur. Pendant ce trajet assez long, de la capitale où Anaïse a débarqué jusqu'au petit village côtier de Anse-à-Fôleur, on entend d'abord la voix de Thomas qui raconte le village, "une poignée de vivants", son atmosphère, les villas jumelles du grand-père Robert Montès et de son acolyte Pierre André Pierre, colonel à la retraite ; il se demande si la belle jeune femme a raison de vouloir savoir ce qui est arrivé à son grand-père puis à son père.
Qu'est-ce que la vérité ? Est-ce important de la connaître ? La connaît-on vraiment jamais ? Voilà les questions que pose Thomas, et il a sa propre façon de répondre.
Anaïse a écrit à l'oncle de Thomas et elle est attendue ; "Mais mon oncle pense que tu es spéciale, que ce que tu cherches au fond, plus qu'une origine, ce pourrait être un idéal. Que la vraie question que tu te poses, en passant par de longs chemins, c'est celle qu'il avait faite à l'enquêteur : quel usage faut-il faire de sa présence au monde ? C'est pour cela qu'il m'a demandé de fixer avec toi les détails du voyage."
Puis s'élève la voix d'Anaïse ; a-t-elle compris ce que Thomas a dit ? Et repartira-t-elle avec ce qu'elle était venue chercher ?
Une belle écriture, imagée et pleine de bon sens donne à cette fable philosophique et poétique écrite par un conteur génial, une merveilleuse et passionnante humanité. C'est de la très belle littérature !
Première phrase : "La mer avait été plus généreuse que d'ordinaire, et les pêcheurs avaient fait dans la journée une telle provision de sardes et de langoustes que, le soir venu, de retour au village, après avoir rangé leurs barques et rassuré leurs compagnes, ils consacrèrent leur temps à des chansons de mer, et, le regard levé vers les constellations, ils ne virent pas brûler les flammes de l'incendie."