"Les demeurées" de Jeanne Benameur * * * * (Ed. Folio, 2015)
Les récits de J. Benameur sont des mots : un très bel ensemble de mots, jaillis d'elle-même, qu'elle nous jette, et disant exactement ce qu'elle souhaite exprimer. Poésie précise et réaliste, son écriture est fascinante, bouleversante, toute en sensations et en intenses émotions.
L'histoire d'amour entre la mère - demeurée, abrutie - et sa fille qui va devoir commencer à aller à l'école est vraiment magnifique ; celle de la maîtresse d'école pour sa petite élève, bien que différente, est tout aussi superbe. La découverte de la joie de la connaissance, par des chemins détournés, est racontée de façon extraordinaire.
Lu les larmes aux yeux ou le sourire aux lèvres, c'est fort, très fort. Et très beau.
Premières phrases : "Des mots charriés dans les veines. Les sons se hissent, trébuchent, tombent derrière la lèvre. Abrutie. Les eaux usées glissent du seau, éclaboussent. La conscience est pauvre. La main s'essuie au tablier de toile grossière. Abrutie. Les mots n'ont pas lieu d'être. Ils sont."