"Le vin de solitude" de Irène Némirovsky * * * * (Ed. Le Livre de Poche ; première édition 1935)
Ce roman, autobiographique, est le portrait de la jeune Hélène (Irène), et l'histoire de sa libération par rapport à sa famille grâce à l'assouvissement d'une vengeance. L'histoire, magnifiquement écrite, a pour centre sa relation à sa mère, une relation très difficile dont elle a beaucoup souffert.
Les karol habitent une petite ville au bord du Dniepr (Ukraine) ; russes (et juifs), très francophiles, le père Boris, la mère Bella et la petite Hélène vivent avec les parents de Madame et Mademoiselle Rose, la gouvernante parisienne d'Hélène.
L'enfant souffre du peu d'amour ou même de simple intérêt que lui porte sa mère ; celle-ci capricieuse, très coquette n'aime que Paris - elle parle très bien français - dépenser de l'argent et séduire les hommes. Hélène petite s'ennuie souvent, elle adore les livres mais lire abime les yeux, alors on lui prend sa lecture. Il y a des camarades de jeu tout de même, l'enfant n'est pas heureuse mais n'est pas non plus totalement délaissée. Elle adore son père, mais celui-ci est souvent absent, pris par son travail et sa passion du jeu.
Le livre suit chronologiquement les souvenirs d'Hélène, les voyages en France, les disputes permanentes entre ses parents, les fluctuations d'argent ; en 1916-1917, c'est la Grande Guerre mais surtout l'approche de la Révolution qui se sent à l'atmosphère lourde et "comme chargée de menace" ; le père, la mère, l'amant et Hélène qui a treize ans partent en Finlande puis s'établissent définitivement à Paris. Bella vieillit, elle se dispute maintenant avec son amant, Max, un cousin plus jeune qu'elle de quinze ans et Hélène pense à se venger des humiliations et des souffrances subies.
Dans les livres d'Irène Némirovsky, on est d'abord frappé par une écriture remarquable ! Et puis, ce sont des témoignages d'une exceptionnelle lucidité sur les quarante premières années du XXème siècle ainsi qu'un cri de révolte et de douleur pour son enfance gâchée.
L'auteure est une excellente observatrice (comme un enfant qui voit tout et ne dit rien) des êtres humains et elle sait dire, en mots parfaitement choisis, ses observations et ses ressentis.