"Miss Alabama et ses petits secrets" de Fannie Flagg * * * (Ed. Pocket ; première parution 2010)

En voilà encore une bonne conteuse d'histoires ! Cette Fannie Flagg devrait elle aussi - comme Nicole de Buron à son époque - être remboursée par la sécurité sociale ! La quatrième de couverture pourrait donner l'impression d'un livre triste : "Il est loin le temps où Maggie représentait fièrement l'Alabama, au concours de Miss America. A soixante ans, fatiguée, elle pense avoir connu le meilleur de sa vie et s'apprête à mettre fin à ses jours, sur la pointe des pieds, sans gêner personne."
Mais en fait, pas du tout ! Bien au contraire, on rit, on s'amuse, on prend beaucoup de plaisir à lire ce récit enjoué et drôle, plus profond qu'il n'y paraît au premier abord, puisqu'il parle aussi de désurbanisation et de crise de l'immobilier.

Maggie fait partie de l'équipe d'une agence immobilière, équipe entièrement féminine, créée par une certaine Hazel qui mesurait un mètre zero deux mais qui était douée d'exceptionnelles qualités humaines et commerciales ; une toute petite femme qui savait voir et rendre la vie très belle. Son dicton préféré : "Le malheur ne m'intéresse pas ; c'est trop génial d'être en vie". Mais hazel n'est plus là et le marché de l'immobilier s'effondre ; l'ambiance est bien morose à l'agence.
Il y a aussi dans cette équipe Brenda, une femme noire qui fait de la politique et pourrait bien finir maire de la ville de Birmingham, Alabama, où se déroule notre histoire, et Ethel une vieille dame râleuse entièrement mauve de bout des cheveux jusqu'aux orteils qui travaille toujours à plus de quatre-vingts ans.
Elles finissent par avoir l'autorisation de vendre "Crestview" la plus belle maison de la colline, après l'avoir arraché aux griffes de "la Bête", Babs Bingington leur ennemie jurée, une femme redoutable et sans scrupules. Et dans une pièce secrète de la grande maison, elles découvrent un vieux squelette dans une malle...
Plusieurs fois Maggie fait ses préparatifs de "départ" mais il y a toujours quelque événement qui l'empêche de "passer à l'acte", le premier étant que des derviches tourneurs venus de Turquie se produisent au théâtre de la ville et que bien sûr Brenda est persuadée qu'elles ne reverront pas un tel spectacle de toute leur vie !

Une lecture très agréable, un bon moment pour se détendre !

Extrait : " Tandis que le policier étudiait son permis, Maggie poursuivit d'un ton aussi neutre que possible. Vous allez sûrement vous demander pourquoi nous avons sur la banquette arrière un squelette en kilt écossais, ce que je peux vous expliquer très simplement. Brenda eut envie de descendre en courant et de disparaître dans la nature, mais elle était soudain collée à son siège, incapable de bouger. Je vous demande pardon ? dit l'agent en relevant les yeux vers Maggie. Je vous disais que, si vous vous demandez pourquoi nous transportons un squelette en kilt écossais, j'ai une explication très rationnelle. Ah, vraiment ?" (p 223)