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Les 2 bouquineuses ont aimé
16 février 2017

"Les vies de papier" de Rabih Alameddine * * * * (Ed. Les Escales ; 2016)

vies_papierPrix Femina étranger 2016

Ayant fait très attention à la couverture représentant un amoncellement de livres, et pas suffisamment au nom de l'auteur, je retourne voir qui a écrit ce que je suis en train de lire : c'est un homme ! incroyable ! Un écrivain qui se glisse si bien dans la peau d'une femme, ce n'est pas fréquent. Cette femme est une beyrouthine âgée de soixante-douze ans ; depuis cinquante ans, elle traduit en arabe, pendant une année, un livre qu'elle a choisi avec beaucoup de soin le premier janvier. Ah oui, et aussi elle a les cheveux bleus (dernier rinçage raté), a été libraire et vit assez solitaire, par choix.
Cette femme donc, Aaliya Saleh, nous raconte sa vie - en partie - avec Beyrouth en arrière plan ; c'est une femme libre autant que possible, dans sa vie et dans ses pensées. Le lecteur fait connaissance avec ses voisines, les trois sorcières, découvre son enfance et son adolescence auprès d'une mère qui l'aimait mal et son mariage raté "Je fus mariée à seize ans, retirée prématurément de l'école, la seule maison que j'avais, et offerte au premier soupirant mal inspiré apparu à notre porte, un homme petit de stature et d'esprit." Divorcée, elle s'installe dans un appartement que ses demi-frères et son ex-famille veulent lui prendre ; elle lutte et se bat, femme seule dans une société et une époque où ce n'était guère admis.
Evoquant des souvenirs, la narratrice nous parle de sa seule grande amie, Hannah ; elle l'évoque par petites touches, comme un endroit douloureux qu'elle ose à peine toucher. Aaliya est une adoratrice de la littérature comme on peut être une adoratrice du soleil ; insomniaque, elle repense souvent à son passé, évoquant ses traductions, son travail de libraire, les auteurs et les livres qu'elle a aimés, mais aussi la guerre fratricide qui a déchiré le Liban et le conflit avec Israël.

Une fois la traduction de l'année terminée, celle-ci est placée dans un carton pendant qu'Aaliya boit deux verres de vin rouge - un vrai rituel - et remisée dans la chambre de bonne ; mais cette année, il va se produire un incident dans cette pièce et la fin du livre est jolie et inatendue.

Un beau destin de femme, une vie racontée dans une langue incisive et pleine d'humour ; entre rires et peines, cette insoumise magnifique est un personnage qu'on n'oubliera pas !

 Premières phrases : " On pourrait dire que je pensais à autre chose quand je me suis retrouvée avec les cheveux bleus après mon shampooing, et les deux verres de vin n'ont pas aidé à ma concentration. Que je vous explique. D'abord, il faut que vous sachiez ceci à mon sujet : je n'ai qu'une seule glace chez moi, et encore, elle est sale. Je suis quelqu'un qui nettoie consciencieusement, on pourrait même dire compulsivement - l'évier est d'un blanc immaculé, ses robinets en bronze étincellent - mais il est rare que je songe à nettoyer la glace. Je ne pense pas qu'il nous faille consulter Freud ni l'un de ses nombreux sous-fifres pour savoir qu'il y a là un problème."

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Commentaires
C
Un personnage et une atmosphère, inoubliables !
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C
Quel bon moment passé en compagnie de l'héroïne , son amour de la littérature. Vie de femme à Beyrouth avec en arrière-plan la guerre et ses conséquences.<br /> <br /> A lire
Répondre
Bienvenue sur notre blog !

Ici, pas de critiques négatives !
Vous ne trouverez que les livres que nous avons aimés :

beaucoup ***
passionnément ****
à la folie *****

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et surtout bonnes lectures !


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