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Les 2 bouquineuses ont aimé
3 mai 2020

"Bakhita" de Véronique Olmi * * * * (Ed. Le Livre de Poche ; parution 2017)

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Un récit très intense, pas un moment de répit avec Véronique Olmi, qui trace le chemin de l'histoire de cette très jeune soudanaise, 7 ans au moment où elle est arrachée à sa vie, à celle de sa famille, enlevée pour être vendue comme esclave.
Nous suivons quasiment en apnée ce qui arrive à cette petite fille du Darfour, née en 1869, qui a reçu une base d'amour familial mais qui grandira pénétrée de son absence de valeur, et de son statut d'esclave. Acheter et vendre des êtres humains, rien que cette prise de conscience-là va l'abimer, mais pas la détruire ; elle a sept ou huit ans quand elle arrive, après une longue traversée du désert avec ses gardiens, dans un centre de triage d'esclaves, qui précède sa vente au marché.
Parfois, la connaissance du monde est une grande fatigue. Et puis, l'instant d'après, c'est l'inverse. Elle veut tout voir et tout écouter. Même ce qu'elle ne comprend pas. Elle veut retenir les mots arabes, retenir ce qu'elle voit, ce que la faim et la misère font des hommes.Elle voit la peur d'où surgit la colère, et le désespoir d'où surgit la haine. Elle reçoit tout cela, sans pouvoir le nommer. Le spectacle de l'humanité. Cette bataille qui les déchire tous." (p 44)

De propriétaire en propriétaire, la pauvre Bakhita souffre de tout ce dont peut souffrir une esclave ; tout en étant assez précis, le récit ne s'attarde pas sur les tortures que des êtres humains peuvent infliger à d'autres êtres humains jugés inférieurs ou même à mettre au rang des animaux, tortures physiques et psychologiques, maltraitances diverses, humiliations et moqueries. C'est terrible, très oppressant, mais c'est lisible.

Achetée pour la cinquième fois, par le consul italien à Kartoum, Bakhita se retrouve auprès d'un homme bon et sa vie va changer ; elle va se battre pour qu'il l'emmène avec lui en Italie ainsi qu'un petit eunuque qu'il rapporte en cadeau à des amis (!...). Elle a du mal à comprendre ce que lui dit le consul - il voudrait retrouver son village d'origine pour la rendre à sa vie d'avant, mais elle ne se souvient même pas de son nom - et ce problème de dialectes ou de langues mal compris et mal parlés sera toute sa vie un souci pour elle.
Petit à petit, son destin s'avance ; à travers sa nouvelle maîtresse qui met au monde une petite fille dont elle s'occupe plusieurs années comme si c'était sa propre fille, elle est prise en charge dans un couvent de Venise dont la supérieure, Madre fabretti, se prend d'amitié pour elle...

Jamais rencontré quelqu'un comme elle. Vacillante, et d'une force plus qu'humaine. Incandescente. Inclassable. Intelligente et retenue." a dit de celle qui est devenue Madre Giuseppina la femme qui écrivit sa biographie ; et une fin de vie magnifique pour celle qui fut une petite éthiopienne, a vécu tellement de rencontres et de guerres, et a toujours apporté son attention aux plus pauvres et aux plus petits.

Un très beau livre, plein d'émotion et d'humanité, sur une femme exceptionnelle qu'il est passionnant de découvrir !

 

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