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Les 2 bouquineuses ont aimé
5 février 2022

"Premier sang" de Amélie nothomb * * * * (Ed. Albin Michel ; 2021)

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Il est d'une lecture très agréable et intéressante le dernier livre d'Amélie Nothomb ; comme souvent, le lecteur se régale, il y a de l'humour, une histoire passionnante et un style parfait. Le texte forme un tout bien rond, les premières pages étant reprises et expliquées à la fin. 

L'histoire est celle de son père Patrick Nothomb, dont on sait qu'il fut diplomate, en particulier au Japon ; mais pour son premier poste il fut nommé en Afrique, au Congo tout juste libéré du colonialisme.
Mises à part les toutes premières pages, la chronologie est suivie : premier souvenir de Patrick Nothomb : "Aux balbutiements de ma conscience, je vois ma joie insolite d'exister". Phrase superbe ! Puis c'est la mort de son père dans un accident de déminage, alors que l'enfant a huit mois. Amélie Nothomb raconte extrêmement bien la mère de Patrick, une très belle femme pleine du chagrin d'avoir perdu son mari et qui n'a pas grand chose à faire de son fils. Il est élevé par ses grands-parents maternels, pendant que sa mère va de mondanités en réceptions et soirées.

Et puis un jour, il a six ans - c'est pendant la seconde guerre mondiale - il apprend qu'il y a une famille Nothomb, celle dont il porte le nom ; ils vivent dans un château dans les Ardennes, son grand-père Pierre Nothomb a eu treize enfants de deux mariages et son dernier enfant a l'âge de Patrick. À partir de là, sa vie change : il passe ses vacances à la dure, c'est le moins que l'on puisse dire, avec des enfants qui sont ses oncles et ses tantes et qui n'aiment rien tant que le taquiner, le maltraiter un peu. De vrais petits sauvages qui ne mangent pas vraiment à leur faim, Pierre Nothomb est avocat mais surtout poète... Patrick découvre les grandes tablées avec le pater familias à un bout et les plus petits à l'autre bout... les plats étant servis d'un bout à l'autre en commençant par les adultes, les plus jeunes n'ont pas grand chose à manger... et Amélie Nothomb raconte ça simplement, comme si ce n'était pas monstrueux ! Les enfants qui atteignent seize ans, gagnent le droit d'être considérés comme adultes et de manger à leur faim... Patrick s'endurcit, comme le souhaitait son grand-père maternel, au contact de cette terrible famille qu'il rejoint pourtant volontiers.

Des études de droit, un mariage qu'il faut "arracher" avec la femme de sa vie, le premier enfant et le départ pour Kinshasa, puis c'est la terrible prise d'otages des mille cinq cents Blancs qui habitaient Stanleyville (Kinsangani actuellement) par des rebelles congolais ; le diplomate fait son métier, discute, ne cède rien, gagne du temps : des négociations qui durent quatre mois, menée donc par un otage. Un matin, c'est son nom qui est appelé, il est conduit au peloton et ne sera sauvé qu'à la toute dernière seconde.

C'est un très bel hommage d'une fille à son père qui vient de mourrir que ce texte dans lequel elle est sa voix, pour raconter à la première personne ce début d'existence et premier contact avec la mort.

Premières phrases : " On me conduit devant le peloton d'exécution. Le temps s'étire, chaque seconde dure un siècle de plus que la précédente. J'ai vingt-huit ans.
En face de moi, la mort a le visage de douze exécutants. L'usage veut que parmi les armes distribuées, l'une soit chargée à blanc. Ainsi, chacun peut se croire innocent du meurtre qui va être perpétré. Je doute que cette tradition soit respectée aujourd'hui. Aucun de ces hommes ne semble avoir besoin d'une possibilité d'innocence."

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