"Sur les Terres du Loup" de Cherie Dimaline * * * * (Ed. Buchet-Chastel ; 2022)

La baie Géorgienne, au nord-est du lac Huron en Ontario (Canada) abrite une communauté autochtone de Sang-mêlés ou Métis dont est originaire Chérie Dimaline.
" Le village d'Arcand se composait d'une église, d'une école, d'une épicerie, d'un débit de boisson clandestin et d'un assemblage de maisons voûtées, semblables à des vieillards penchés sur un cimetière plein de Grenier et de Trudeau dans l'espoir de surprendre une conversation".
Dans ce texte qui frappe par son style dès les premières lignes, une écriture vivante, imagée et souvent pleine d'humour, l'autrice autochtone nous présente son "peuple" : des " enfants de coureurs des bois français et de mères issues des Premières Nations, ainsi que des Métis originaires du Manitoba". Chassés à l'origine d'un île cédée aux États-Unis (île Drummond en 1828), ils furent au cours du temps repoussés loin des rives du lac réservées à des chalets chics et chers. Le temps a passé, les Autochtones ne sont toujours pas les bienvenus et une créature est apparue dans les histoires qu'on raconte aux plus jeunes : le rougarou. Bien que catholiques, les Métis croient à cette incarnation du mal, qui est à la fois un homme et un loup.

L'histoire, la fable ou le conte que nous raconte Chérie Dimaline, à la fois ancrés dans le réel et le fantastique, est principalement celle ou celui d'une femme, Joan, dont le mari a disparu depuis plusieurs mois ; Victor est parti un soir de dispute - il voulait vendre les terres des ancêtres de Joan, mais pas elle - et depuis elle le cherche partout. Il faut dire que l'attachement à la terre est partie intégrante de la culture de ces Autochtones. Joan dont le père est mort, a une famille très présente : une mère, des frères dans la construction et une grand-mère ; elle a aussi un neveu, prénommé zeus qui vivra la majorité de ses aventures avec Joan.
Et c'est sous la tente  d'un chapiteau d'évangélisation qu'elle pense avoir retrouvé son mari : elle est sûre que c'est lui, mais lui ne la reconnaît pas !
Devenu révérend itinérant pour Autochtones, Victor ? Mais pourquoi ? Comment ? Et que cherche Thomas Heiser, celui qui surveille Victor/ le révérend dans cette affaire ? Les sermons du révérend sont curieux : qu'essaie-t-il de faire ? Est-ce un "facilitateur", c'est à dire quelqu'un capable de détourner l'attention des croyants de ceux qui font des projets miniers, forestiers ou de constructions de pipelines sur leurs terres ?

Ce qui est vraiment formidable dans ce livre, c'est qu'il est magnifiquement écrit, passionnant sur la vie des métis "blancs - indiens" et que c'est un très bon thriller ; trois très bonnes raisons de le lire !

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour cette belle découverte littéraire.