"Deuil interdit" de Michael Connelly * * * (Ed. Le Livre de Poche ; 2006)

Michael Connely, un des maîtres incontestés du polar d'outre atlantique, se glisse ici dans la peau d'un flic, le désormais célèbre Harry Bosch, qui après quelques années comme détective privé revient au LAPD (Los Angeles Police Department), rappelé par le chef de la police, convaincu par l'ancienne co-équipière Kizmin Rider de Harry du bienfondé de ce retour. Il y a beaucoup de dossiers en soufrance et le talent de l'inspecteur Bosch devrait permettre de faire baisser la pile...

Extrait p 21 : " Écoutez-moi, Bosch, reprit-il. N'enfreignez jamais la loi pour l'appliquer. Vous devez vous acquitter de votre tâche avec compassion et dans le respect de la Constitution à tout instant. Je n'accepterai rien d'autre. Et cette ville non plus. Sommes-nous bien d'accord sur ce point ?"

Alors, évidemment, en reprenant un meurtre dont les enquêteurs n'ont pas trouvé le responsable, l'inspecteur Bosch va rencontrer deux types de personnes : celles qui ont fait leur boulot correctement et les autres... Et il a des ennemis de longue date dans le service, les menaces du chef adjoint Irvin S. Irving au sourire de requin, ne sont sûrement pas des paroles en l'air.

La jeune Becky, jolie métis de seize ans, avait été retrouvée morte en 1988 dans la pente montagneuse située derrière la maison où elle habitait avec ses parents au nord-ouest de Los Angeles ; abattue d'une balle de pistolet de gros calibre en pleine poitrine, il n'y avait pas eu d'agression sexuelle. Mais la jeune victime avait avorté récemment et dans son journal intime, elle parlait de "My true love"...

En 1988, les analyses ADN étaient peu répandues, et le dossier a été relancé grâce à une "touche": des traces ADN retrouvées sur l'arme, douze marqueurs sur les quatorze possibles correspondant à ceux d'un certain Roland Mackey, âgé maintenant, dix-sept ans plus tard, de trente-cinq ans. Un dossier de petits délits, mais pas de très longue peine, pas d'autre meurtre : cela surprend Bosch qui va essayer de retrouver le petit malfrat pour comprendre...

Au-delà de la résolution de l'affaire, l'auteur s'attache à montrer les côtés humains - bons et mauvais - de ceux qu'il côtoie ; il va la résoudre l'affaire, avec l'aide de sa partenaire, en reprenant tout le dossier et en évitant les pièges dans lesquels sont tombés les précédants enquêteurs.
La proximité de l'auteur avec les policiers de LA se sent bien dans le récit ; certains "pourris" ne changeront pas, mais détectés, ils seront  mis rapidement à la porte ou en retraite. La grande majorité sont de très bons inspecteurs, honnêtes et doués ; même si dans un "cold case", le non-aboutissement peut être dû à des dossiers incomplets par incompétence ou indifférence, des pièces à conviction perdues, voire le découragement face au nombre d'affaires.

Un bon polar, pas trop gore, intéressant sur le plan humain, avec une intrigue bien ficelée et méticuleusement racontée ; que demander de plus ?