"Son odeur après la pluie" de Cédric Sapin-Defour * * * * * (Ed. Stock ; 2023)

Comme il fait du bien ce livre ! Quel bonheur de se rendre compte que d'autres "maîtres" de chiens goûtent le grand contentement de partager leur vie avec ces gentils et malins de tout poil !

Au départ, Il faut se faire à l'écriture de l'auteur qui n'est pas banale, très personnelle ; mais ce qui est dit ici parle beaucoup à toutes celles et tous ceux qui ont (eu) un ou des chiens et qui en apprécient la compagnie, le caractère aimant et joyeux.
À chaque page, on se dit que oui c'est bien ça, l'auteur parle de tout ce qu'on a ressenti sans savoir le mettre en mots, au contact de son fidèle ami ; les promenades, les petites folies, l'amour dans les yeux, cette présence devenue indispensable, l'inquiétude pour son bien-être...

La nature, très présente dans le récit, est vue de façon sensée ; elle n'est pas considérée par l'auteur - comme trop souvent maintenant - en tant que service rendu à l'Homme... Et c'est formidable de lire les promenades et les jeux en forêt, et sur les sentiers de montagne, des compères marcheurs.

Beaucoup de pensées, remarques, anecdotes et observations font mouche : "une vie siamoise", "ensemble, nous habitions goulûment le présent", "vivre lui suffit", "il épelle l'environnement partout où il passe"...
Cédric a d'abord prit Ubac, puis, avec Mathilde, ils en ont choisi deux autres, des chiennes, et sont devenus "les deux, tu sais, les deux avec les trois chiens" ; et son livre raconte formidablement la vie à deux, puis à trois, puis à cinq.

Après des années de bonheur, il y a inévitablement la mort du chien, qui vit bien moins longtemps que son maître malheureusement ; et même cette mort est superbement racontée. 
Il y a un respect et un amour de l'autre dans ces pages qui allège et enthousiasme le lecteur, celle d'un humain pour son chien et celle du chien pour son humain ; c'est un amour fou qui est raconté dans ce livre, un amour entre deux vivants, tout simplement.

Un très beau livre, intelligent et émouvant !

Extrait p 71 : " Ça y est, je l'observe exister à mes côtés, débute une vie à regarder par terre. Je pensais que si mais je ne crains pas qu'il s'ennuie. Ubac s'arrête à la moindre chose et s'y fixe. De surprise, d'ébahissement, du plaisir d'attendre. Un insecte enneigé, un cri d'enfant, l'ombre d'un nuage. C'est charmant comme il fait. Il s'enferme joyeusement dans chaque instant que lui offre la vie, épris follement du présent, hermétique à tout le reste puis, à la moindre occasion et sans l'annoncer, il accepte tout aussi volontiers d'en sortir et que sa vie prenne soudain une autre direction que celle envisagée à la seconde précédente. D'apothéose du moment en apothéose du suivant, il va..."